Siècle : 20e siècle
Description
Située aux confins des Hautes-Alpes et du Piémont, au fond de la vallée du Haut-Guil, dans le Parc naturel régional du Queyras. Avant-guerre, la commune était constituée de trois hameaux de taille équivalente. Seul le chef-lieu, Ristolas, sera reconstruit après-guerre, les deux autres hameaux ayant été presqu’entièrement détruits par la guerre (La Monta) ou durement touchés du fait de catastrophes naturelles (avalanche de l’Echalp). Dans cette première partie du XXe siècle, l’économie montagnarde et notamment celle des Alpes du sud est encore en grande partie basée sur une activité agropastorale séculaire. La maison est essentiellement conçue comme un outil de travail pour loger à la fois les hommes, les bêtes et les récoltes sous un même toit durant les longs mois d’hiver (la « maison-bloc »). Toute la distribution spatiale interne de la maison fermière est faite pour articuler au mieux les différentes fonctions spatiales en tenant compte des techniques de construction disponibles localement. En 1945, au sortir de la guerre, la France compte près de 2 millions de logements détruits. Dans les Alpes, une soixantaine de villages sont partiellement ou totalement détruits ainsi que des milliers de fermes et maisons isolées. Déclarée commune sinistrée par l’administration française de la Reconstruction, Ristolas est tenue, pour être aidé, d’établir un projet-programme de reconstruction et d’aménagement (P.R.A). Georges Popesco est désigné par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU), comme architecteurbaniste en chef du P.R.A. de Ristolas. Georges Languin, architecte en chef de la Reconstruction lui succédera dès 1948. Popesco propose en janvier 1947 un planprogramme définitif de reconstruction et d’aménagement de Ristolas, qui sera approuvé © Direction des affaires culturelles Provence Alpes-Côte d’Azur – 1 rapidement par le MRU, puis en 1950, par arrêté préfectoral. Paul Fort et Maurice Guillaume (et M. Belmont pour certains projets), architectes à Gap (05), deviennent architectes d’opération. En 1949, Georges Languin et Pierre Chauvet, ingénieur agronome intervenant pour le Génie rural (Ministère de l’Agriculture) dans les opérations départementales de reconstruction exposent, dans un article intitulé « villages et fermes de montagne », leur démarche basée d’une part sur les « instructions relatives à la restauration des constructions rurales en montagne » (MRU, 1945), d’autre part sur une approche régionaliste. En effet, si « moderniser » a sans aucun doute été le mot d’ordre général de la Reconstruction, dans les Alpes elle ne fut pas seulement une opération immobilière, mais constitua souvent une véritable rupture culturelle et technique dans les modes de vie et de travailler des paysans locaux. L’occasion offerte par la « table rase » causée par la destruction des immeubles anciens a permis d’appliquer les principes d’urbanisme et d’architecture nouveaux élaborés dans l’entre-deux guerres. Ces principes issus des courants modernistes mettent l’accent sur les questions de confort sanitaire, notamment dans les fermes (équipement sanitaire, ensoleillement, ventilation), de fonctionnalité des bâtiments et de leurs abords (urbanisme de zonage, implantations réglementées) et des locaux (séparation des fonctions). Ainsi sont mis en œuvre une volonté de rénovation de l’habitat et des exploitations agricoles, mais également un autre objectif, de première importance pour le territoire, la tentative de maintenir une population, notamment agricole, sur place. A Ristolas, le plan d’urbanisme règlera les grande orientations et répartitions spatiales de l’aménagement du nouveau village et le programme définira l’architecture des futures constructions. Le nouvel urbanisme s’appuie sur tous les concepts modernes de l’aménagement urbain : zonage, servitudes, définition des espaces et équipements publics, emplacements réservés… : on passe d’un urbanisme « organique » et empirique à un urbanisme de planification, rationnel et systématique.