Aigurande (36140)

Siècle : 20e siècle

Description

Les abattoirs régionaux du Centre – structure coopérative créée par la Fédération Paysanne de l’Indre sous l’impulsion d’Auguste Chantraine – sont inaugurés le 14 septembre 1937 en présence du ministre de l’Agriculture, Georges Monnet. Leur construction s’inscrit dans une politique nationale de construction d’équipements en application de la loi du 26 avril 1935 sur l’assainissement du marché de la viande. Le choix d’Aigurande s’est justifié par la situation de la ville sur les limites de l’Indre, du Cher, de la Creuse et de la Haute-Vienne. Le terrain retenu est situé au sud de la commune, à la sortie du centre-ville et à proximité immédiate de la voie ferrée depuis laquelle un embranchement permettait de charger ou décharger sur le site. Le complexe artisanal, composé d’un ensemble de bâtiments aux fonctions différenciées, prend place sur une parcelle longue et étroite. L’entrée du site est marquée par deux bâtiments (de chaque côté d’un portail) : à droite une construction à l’allure domestique (la maison du directeur), à gauche le bâtiment d’administration sur lequel s’affiche l’inscription « Abattoirs Régionaux du Centre ». Il s’agit d’une construction de quatre niveaux dont un partiellement enterré suivant la déclivité du terrain et couvert par une toiture-terrasse. Sa composition architecturale aux lignes épurées et géométriques évoque le style Art Déco, tandis que ses proportions élancées lui confèrent un caractère monumental conforme à l’importance régionale du complexe. A l’arrière se développent une succession de halles couvertes de voûtes en voile de béton surmontées de lanterneaux ajourés permettant un éclairage et une ventilation naturels. A l’intérieur de ces halles se répartissait l’ensemble des opérations de l’abattage à la transformation de la viande. Conçus sous la direction et le contrôle du Génie Rural, les abattoirs comportaient tous les perfectionnements de la technique moderne en matière d’hygiène et de conservation (installation de congélateurs) et étaient considérés parmi les plus modernes de France. Agréés par les autorités américaines pour la fourniture des viandes aux troupes américaines, très prospères jusqu’au milieu des années 1960, mais, non modernisés à temps, ils ont fermé en 1985. Le style sobre mis en œuvre par André Betoux mêlant fonctionnalisme et rigueur de l’Art Déco et l’importance historique du site constituent l’un des plus intéressants témoignages du patrimoine artisanal de la région.