Bastia (20600)

A la fin du 14e siècle, au lendemain de l'incendie du château fort de Biguglia, fut construit à la demande du gouverneur génois Leonello Lomelline le donjon, premier édifice de la citadelle. Un siècle plus tard, le site est entouré de remparts et le palais est élevé autour du donjon. En 1530 est ajouté, sur la façade principale, un campanile. Le palais des gouverneurs fut, pendant quatre siècles, le symbole de la domination génoise. Au 18e siècle, le palais fut transformé en caserne par Napoléon. Le palais se compose d'une cour centrale et de quatre ailes s'ordonnant autour, auxquelles s'ajoutent le donjon et le bastion Saint-Charles. Ce dernier comprend, dans sa partie inférieure, deux poudrières. Avec ses salles voûtées en croisée d'ogive, cet édifice témoigne de l'architecture d'un palais fortifié génois. La propriété du bastion nord (anciennement propriété de l'Etat, ministère de la culture) a été transférée à la commune par rectificatif de l'acte de vente du Palais des Gouverneurs à la commune

L'église a été construite à partir de 1612 et appartenait alors au collège des Jésuites. En 1629, poursuite du projet. Après l'expulsion des Jésuites, en 1768, l'église est devenue le siège de la confrérie de San Carlo. C'est un édifice baroque avec façade classique à pilastres sur deux étages, couronnée par un fronton triangulaire. Dans les niches se trouvent les statues de Saint-Ignace de Loyola (1708) et Saint-François-Xavier (1666). Le plan de l'édifice est conforme à celui habituellement employé par les Jésuites et se veut une application des réformes liturgiques issues du Concile de Trente : vaste nef unique conduisant au choeur entièrement occupé par le maître-autel.

Edifiée en 1488, cathédrale en 1590, l'église est entièrement reconstruite de 1604 à 1625 (aucun vestige de l'édifice antique). Edifice à trois vaisseaux de cinq travées (voûte centrale en berceau, vaisseaux latéraux voûtés d'arêtes). Murs décorés de stucs et de peintures aux 18e et 19e siècles. Autels en marbre polychrome. Façade occidentale réalisée vers 1660-1670, présentant un décor baroque directement issu de la tradition gênoise. Elle est à deux niveaux surmontés de trois frontons. Clocher carré construit contre le côté sud de l'abside, terminé en 1620. Façade et clocher restaurés à la fin du 19e siècle et en 1938.

Eglise bâtie fin 18e-début 19e siècle sur l'emplacement d'une ancienne chapelle détruite par les Génois en 1561. L'église abrite une copie de la Scala Santa, privilège d'indulgence plénière octroyé en 1816 par le pape Pie VII. La Scala Santa est la réplique de l'escalier monumental qui donnait accès au prétoire de Ponce Pilate à Jérusalem.

Eglise baroque édifiée entre 1636 et 1666, la plus importante de la ville. La façade de type jésuite à trois travées surmontée d'un fronton et encadrée de deux campaniles, est une reconstruction des années 1860 par Augustin Viale, de même que les clochers. L'église comporte une nef unique complétée par un choeur très profond et par trois chapelles latérales communiquant entre elles. Profusion et somptuosité du mobilier (maître-autel en marbre polychrome de 1694, stalles, statues polychromes et dorées...) , et du décor intérieur (peintures de la voûte).

Dans l'enceinte de la citadelle, se trouvent deux églises accolées, ayant le clocher en commun. Construite au 18e siècle, l'église Sainte-Croix se compose d'une nef de six travées, terminée à l'est par un chevet carré. Dans la quatrième travée, s'ouvrent des chapelles latérales. Les travées de la nef et les chapelles sont séparées par des pilastres supportant la retombée des voûtes en anse de panier, par l'intermédiaire de corniches. Murs, voûtes, pilastres et corniches sont couverts de motifs peints et dorés, très riche décoration en rocaille dans le style français de l'époque Louis XV. Toute la décoration se détache en or sur fond blanc. Dans la chapelle sud, les caissons de la voûte renferment des petits tableaux peints. Les murs sont construits en maçonnerie de moëllons recouverts d'un enduit grossier. Les toitures sont couvertes en lauzes frustes de Brando.

Fondée en 1590, la confrérie de l'Immaculée Conception de Bastia fit bâtir sa chapelle en 1611. C'est un simple rectangle aux élévations maçonnées. Un premier décor intérieur de 1618 est conservé dans ses grandes lignes : voûte en berceau percée de lunettes ; rythme vertical marqué par des pilastres corinthiens soutenant un riche entablement à modillons. En 1701 et 1704, deux petites chapelles sont créées dans l'épaisseur des murs de la nef. Le maître-autel de 1763 et les autels latéraux témoignent de l'enrichissement de la chapelle pendant le 18e siècle. Dernière campagne de travaux en 1802 : peintures murales et gypseries dorées (1806).

L'église, dans son état actuel, résulte de deux étapes de construction. La première construction, à l'emplacement d'une ancienne église, est achevée en 1838. L'église nécessite, dès 1844, d'importants travaux de restauration. Entre 1870 et 1875, la nef est agrandie, la façade reconstruite et deux bas-côtés lui sont accolés. Cette église néo-classique présente une élévation antérieure dont le corps central est scandé de pilastres et terminé par un fronton triangulaire. Deux corps flanquent cette partie centrale. Un clocher à étages flanque l'angle nord-ouest, entre l'élévation nord et le chevet semi-circulaire. A l'intérieur, la nef principale est couverte d'une voûte en berceau et à pénétrations et se termine par un choeur hémi-sphérique, surmonté d'une demi-coupole où est peinte la scène de l'Assomption.

Petite église bâtie à l'époque pisane, en calcaire. Fenêtres à arc brisé de la fin du 12e siècle. La porte sud-ouest présente un linteau surmonté d'un tympan sans sculptures. L'abside présente un caractère bien pisan. Une corniche à arcatures décore l'abside. Chaque arc, en plein cintre, taillé dans une seule pierre, retombe sur un modillon. A l'intérieur de chaque arcature se trouve une rosace en relief formant un cordon régulier.

Le voeu d'élever un sanctuaire à Saint-Roch aurait été fait suite aux pestes de 1569. L'église actuelle a été rebâtie à partir de 1604, après un écroulement. La façade actuelle a été refaite en 1911. Les décors de stucs ont été remaniés et enrichis à la fin du 18e siècle. Le décor peint du 17e a été entièrement refait au début du 19e. La façade néo-classique présente un fronton triangulaire reposant sur quatre colonnes, deux de chaque côté de la porte d'entrée. A l'intérieur, nef unique ornée de damas rouges, avec pilastres cannelés supportant une corniche peinte et dorée. Ce décor de stuc doré a été réalisé par Francesco Marengo au 17e siècle.

Construite en 1969 sur les plans de l'architecte Louis de Casabianca, l'église s'inscrit dans le programme d'urbanisation dit "des grands ensembles" des quartiers sud de Bastia. L'architecte recourt au répertoire des formes alors en vogue : paraboloïdes hyperboliques, symboles de progrès technique et de modernité. A l'extérieur, l'édifice est limité par un volume rectangulaire en pierre d'où jaillit une grande forme s'élevant en coupole au-dessus du choeur, et se terminant par un oculus. L'entrée principale à l'est est précédée d'un escalier parvis et d'un large porche ouvert, abrité d'un voile parabolique. L'opposition forte entre un avant et un arrière se retrouve dans le choix de deux matériaux contrastés : le béton lisse et blanc et une maçonnerie grise et rugueuse de schistes. Le parti architectural est fortement symbolique, le béton blanc étant lié au ciel, la pierre donnant une assise terrestre à l'ensemble. L'aménagement des abords fait partie du projet initial, mais le parvis a été réalisé ultérieurement et le clocher n'a jamais été construit.

D'un point de vue formel, l'architecte recourt au répertoire des formes alors en pleine vogue, celles des paraboloïdes hyperboliques, symboles de progrès technique et de modernité. Ces silhouettes et ces surfaces ont l'avantage de contraster clairement avec les tours et les barres environnantes et de donner une identité forte au lieu de culte. En ce qui concerne son aspect extérieur, l'église est limitée par un volume rectangulaire en pierre d'où jaillit une grande forme souple s'élevant en coupole au-dessus du chœur et se terminant à son point haut par un oculus. A l'est, l'entrée principale dans l'église est précédée d'un parvis-escalier et d'un large porche ouvert abrité d'un voile parabolique. A l'ouest, l'arrière de l'église est aveugle et le regard glisse sur la courbe de la voûte. L'opposition forte entre un avant et un arrière, entre un parvis piéton et une voie automobile, se retrouve dans le choix de deux matériaux contrastés: le béton lisse et blanc tranche sur la maçonnerie grise et rugueuse de schistes qui accroche le regard. Le parti architectural est fortement symbolique : la blancheur du béton est liée au ciel ; la pierre donne une assise terrestre à l'ensemble. L'aménagement des abords a aussi fait partie du projet initial. Toutefois le parvis a été réalisé ultérieurement ; et le clocher qui devait se trouver sur la place latérale, n'a jamais été construit.

Dans la partie haute, la rampe Saint-Charles, aménagée dès 1819, est structurée en « pas d'âne », et le sol est régulièrement pavé en ricciata, pierres plantées sur champs. L'escalier monumental conçu par Paul-Augustin Viale et construit entre 1871 et 1874 est constitué de trois volées droites alignées, séparées par deux repos. Il est complété de décors en métal : rampes et gardes-corps réalisés par des forgerons bastiais, ainsi que statue, fontaine et vases commandés à la fonderie du Val d'Osne. Le jardin Romieu est aménagé dans la seconde moitié des années 1870, planté d'essences méditerranéennes ou acclimatées en région méditerranéenne.

Fondée en en 1872 par Louis-Napoléon Mattéi, inventeur de l'apéritif « Cap Corse », la boutique a gardé sa disposition originelle .

L'ancienne demeure du chevalier Castagnola, dont la construction remonterait au début du 17e siècle, est un témoin de l'histoire de la ville. Ainsi, sur la façade latérale gauche, se trouve un bas-relief encastré dans le mur, représentant la Vierge, l'Enfant Jésus et Saint-Roch qui empêchèrent la peste de 1570 de dépasser ces limites. Elle conserve également le souvenir de la rivalité qui opposa la famille Castagnola à ses voisins, les Cardi. ££Cet immeuble à quatre étages couvert de lauzes, s'ouvre, rue des Terrasses, par un portail en plein cintre à bossages, surmonté d'un fronton interrompu. Le vestibule conserve des voûtes d'arêtes aux cantons peints de motifs géométriques et agrestes. Deux tableaux occupent les lunettes (référence à la bataille de Lépante en 1571 ; représentation de la ville de Loretto).

Cet édifice témoigne de la construction de maisons patriciennes urbaines, à la fois inspirées par l'architecture ligure et toscane, et contraintes par leur implantation urbaine. La maison est le résultat de plusieurs campagnes de travaux débutés en 1680 et s'achevant en 1865 par l'aménagement d'un jardin suspendu. De plan irrégulier, la maison est implantée sur une maison antérieure qui devient son soubassement. Les agrandissement successifs sont à l'origine d'une distribution intérieure originale. La maison a conservé un ensemble de collections qui témoignent du mode et du cadre de vie de la notabilité corse de ces périodes.

Implantée au coeur du centre historique de Bastia le Palais Caraffa, situé rue du chanoine Letteron, à proximité immédiate de l'église Saint-Charles, se situe sur l'ancienne rue principale qui reliait la ville basse et la ville haute. La maison est le résultat de plusieurs campagnes de travaux. Sa façade est unifiée grâce à la corniche ou encore aux bandeaux plats qui délimitent les derniers niveaux. La façade principale comporte 13 travées et 5 niveaux. deux balcons reposant sur de puissantes consoles galbées maçonnées, cantonnent la façade à ses deux extrémités. La modénature est sobre et la polychromie est presque effacée

Le monument commémoratif de Napoléon 1er fut érigée en 1853 sur la place Saint-Nicolas, à Bastia. A l'origine, l'œuvre était destinée à la ville de Livourne, en Toscane, afin de célébrer le régime impérial et sa domination sur les états européens. Elisa Bonaparte, sœur de Napoléon, initia le projet tandis qu'elle créait dans le même temps des places Napoléon dans les villes placées sous son autorité. Parallèlement, elle ouvre un atelier dédié à la fabrication de statues et de bustes de la famille impériale et désigne le sculpteur Lorenzo Bartolini (1777-1850) pour le diriger et y officier comme professeur.£La ville de Livourne, désireuse de témoigner son adhésion au régime en place, officialise sa commande en 1808. La statue sculptée par Bartolini représente l'empereur, tel Auguste, auréolé de lauriers, vêtu d'une toge, et tenant le sceptre dans la main gauche et le rouleau du législateur dans la main droite. Les proportions et la présence de l'aigle évoquent également le dieu Jupiter. Un seul bas-relief fut réalisé sur les deux prévus au départ. La composition met en scène une allégorie d'un fleuve, évoquant les franchises obtenues pour le port de Livourne, et une Victoire sur un quadrige conduit par un génie ailé, rendant hommage à la sœur de Bonaparte, par la suite interprétée comme la figure personnifiée de la patrie, menée par le génie de la Corse.£Après les évènements de 1814, la ville de Livourne pria Bartolini de reprendre sa statue qui réintégra son atelier jusqu'à son décès. Vers 1849, des contacts furent noués avec la ville de Bastia et l'arrivée de Louis-Napoléon Bonaparte acheva de réanimer l'intérêt pour la statue. Bastia s'engagea définitivement à accueillir le monument commémoratif sur la place Saint-Nicolas nouvellement aménagée. Les armoiries de Bastia se déploient sur les trois côtés du piédestal ainsi que deux inscriptions latines. Le monument constitue un exemple exceptionnel de la sculpture officielle néoclassique de l'empire et démontre son importance comme outil de propagande impériale en Europe.

Vincent Benedetti, ambassadeur de France, fait édifier ce tombeau familial, surmonté d’une chapelle, sur un terrain privé, selon une pratique qui se généralise dans la notabilité Corse au 19e siècle. La construction du tombeau se fait sur un terrain familial remembré pour l’adapter au besoin. Les travaux commencent en septembre 1862 et s’achèvent en 1863. Il ne compte alors qu’un caveau, sous la chapelle, les extérieurs ne sont pas achevés (ils le seront en 1865), ni le fronton qui se verra complété du décors en marbre en 1871, deux ans après l’attribution du titre de comte. Il a été agrandi en 1908 d’un second caveau, sous la direction de l’architecte Bronzini, réalisé sans affecter de manière trop importante le schéma originel.

Construit sur le rocher de Lupino, ce caveau familiale est composé d’un soubassement surmonté d’une chapelle funéraire. Cette dernière possède un plan rectangulaire, prolongé d’une abside, elle-même aménagée de caveaux. Des peintures murales ornent les murs. Le caractère de sa façade est classique, en pierre de taille et présente des éléments décoratifs en fonte. L’accès au tombeau est un portail en fer forgé ouvrant sur un escalier monumental. La composition extérieure s’achève par une végétation couramment indiquée pour les espaces funéraires comme une allée d’ifs et des cyprès aux angles du bâtiment.

Décidée en 1847, la construction d'un nouveau palais de justice ne prit corps qu'en 1852, après que l'architecte du département, Cotin, eut dressé les plans de l'édifice. Les travaux furent confiés à l'entrepreneur Monlau, et s'achevèrent en 1855. La façade principale, à ordres superposés, comporte un corps central et deux pavillons. Un fronton triangulaire couronne ces deux pavillons. Le hall d'entrée, dont le carrelage d'origine a été changé en 1976, est rythmé par des colonnes de marbre galbées. Il donne accès à une cour carrée sur laquelle s'ordonnent quatre corps de bâtiments avec portique et galeries hautes. L'édifice a été restauré après les destructions de 1943.