Au sortir de la Première Guerre mondiale, neuf communes meusiennes de la zone rouge du champ de bataille de Verdun sont déclarées « mortes pour la France » : Beaumont-en-Verdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort- Homme, Douaumont, Fleury-devant-Douaumont, Haumont-près-Samogneux, Louvemont-Côte-du-Poivre, Ornes et Vaux-devant-Damloup. Les ravages sont tels qu’il est décidé de ne pas rebâtir ces villages. Toutefois, fait tout à fait unique, ces derniers conservent leur existence administrative à titre mémoriel. Témoins de la violence du conflit, neuf chapelles commémoratives sont édifiées entre 1930 et 1934 afin de perpétuer, outre les victimes de la guerre, le souvenir de chacun de ces villages disparus. Les titres de dommages de guerre ont permis le financement de ces constructions.
En forme de croix, le plan de la chapelle-abri se compose d’un porche, d’une nef percée de deux baies formant un transept non saillant et d’un chœur circulaire. Comme l’indique le devis descriptif, l’édifice comporte une élévation en maçonnerie de moellons bruts liés avec du mortier de chaux hydraulique et pour les parties les plus soignées – soubassement, rampants, jambages, corniche, encadrements de porte et de baies – une maçonnerie de pierre de taille de Lérouville fichée au mortier de ciment40. L’enduit extérieur d’origine apposé sur la maçonnerie de moellons est décrit comme un « enduit tyrolien brut teinté jeté à la truelle avec plus-value pour emploi de petit gravillon ». L’enduit d’origine contrastait avec la blancheur de la pierre de Lérouville comme l’attestent les photographies anciennes de l’édifice. L’enduit de ciment actuel gris clair produit un effet beaucoup moins contrasté.Le porche est précédé d’un degré rectangulaire à quatre marches. Si l’arc brisé à triples voussures du porche évoque le vocabulaire architectural médiéval, l’amortissement en console renversée des piédroits s’inscrit davantage dans une esthétique Art nouveau. Le pignon du porche est orné d’une croix sculptée en faible relief. L’intérieur du porche d’entrée est orné de peintures murales réalisées par le peintre Tollard représentant la colombe du Saint-Esprit, la main divine bénissant et un chrisme flanqué de l’alpha et l’oméga. Une flamme évoquant le souvenir entourée d’un décor végétal couronne la composition alors qu’une frise décorative borde l’ensemble. La porte en fer forgé séparant le porche de la nef est constituée de deux vantaux, chacun orné d’une croix et de motifs géométriques.