7 rue de la Corne
Siècle : 21e siècle
Description
La construction de la maison RO 2C de Dommery trouve sa genèse dans le désir de ses deux actuels propriétaires de créer pour leur famille une demeure à leur convenance et à leur image. Leurs réflexions et recherches entamées vers 2007 les conduisent à se pencher sur l’œuvre de l’architecte Éric Lenoir, dont ils apprécient l’originalité (notamment à travers les maisons Boulanger, Blanche, Zinc…) et connaissent la réputation de satisfaction aux critères énoncés par les maîtres d’ouvrage privés. Désireux de confier la construction de leur maison à un architecte mais dépourvus d’idée préconçue, le couple laisse quartier libre à Éric Lenoir pour proposer un concept novateur, qu’il élabore en 2009 et dont le résultat sera dévoilé en juin 2011. L’architecte livre dans ce modeste village des Ardennes un exemple singulier d’expérimentation technique : la majeure partie de la maison qu’il conçoit ne sera pas réalisée en maçonnerie, mais à partir d’éléments usinés, fabriqués sur un chantier naval nantais puis montés in situ. Non seulement cette proposition unique doit être amenée, dans l’esprit de son concepteur, à ouvrir la voie à une série potentielle (il crée pour cela deux versions de maison à coques : « terrestre » et « sur l’eau »), mais elle s’inscrit pleinement dans sa manière habituelle d’exercer son métier, c’est-à-dire par la poursuite et l’exploitation continuelle des potentialités techniques offertes par l’architecture enrichie des savoir-faire de disciplines parallèles, en l’occurrence, la construction navale. Réponse directe à la double question du coût – économique et énergétique – inhérent à toute construction, la maison à coques d’aluminium d’Éric Lenoir se tient, plus largement, comme écho à ses recherches permanentes – depuis la fin des années 1970 – sur les maisons bioclimatiques, ainsi que sur la production industrielle en série de modèles pour l’habitat. Dans la mesure de l’approbation d’un projet par les autorités compétentes (services d’urbanisme ou d’architecture locaux, architectes-conseils, etc.), la commande de demeures privées auprès d’architectes, impliquant une relation directe entre client et maître d’œuvre, est le lieu privilégié des avant-gardes architecturales. Depuis le début du XXe siècle, la construction de maisons individuelles est en partie responsable de l’émergence de figures majeures de l’architecture mondiale comme Gerrit Rietveld, Le Corbusier, Pierre Charreau ou encore Frank Lloyd Wright, Alvar Aalto, etc. Le caractère relativement simple et unilatéral des relations d’un architecte à un maître d’ouvrage particulier offre en effet une base de départ à partir de laquelle innovations techniques et propositions esthétiques (intimement liées) peuvent fleurir, comme cela est le cas à Dommery, où la singularité du geste architectural tient en outre à son caractère unique dans son contexte (a contrario, par exemple, de la proximité des maisons – parfois voisines les unes des autres – conçues par Frank Lloyd Wright à Chicago). Tout en soulignant la discrétion de l’échelle de cette maison baptisée RO 2C (pour : « air, eau, deux coques »), l’architecte-conseil des Ardennes Laurent Israël justifie l’approbation qu’il donne au projet, dont il met en avant la légitimité de l’implantation en bordure de ce village ardennais, par la nécessité de « faire la place à une architecture contemporaine » rompant de façon surprenante avec les codes habituels de l’habitat maçonné.