place François Mitterrand ; avenue de la Grande Cavée ; esplanade François Rabelais
Siècle : 20e siècle
Description
Les travaux de la Ville Nouvelle d’Hérouville-Saint-Clair se sont pendant de nombreux années concentrés sur la réalisation des quartiers, avec somme toute de nombreux retards. Mais au début des années quatre-vingt, il devient manifeste que la ville manque d’un vrai centre. Un centre qui marquerait l’identité de la ville par un point de réunion, de vie sociale, et culturelle. Il faut achever la ville. En 1978-1979, la municipalité d’Hérouville-Saint-Clair confie à la C.O.D.R.A. le soin de monter une étude afin de connaître les desiderata de la population vis à vis de ce centre. Il en résulte le choix d’un pôle administratif et culturel dans le prolongement de la zone du centre commercial. En 1980, la ville fait l’acquisition de 20 000 m2 où s’établira le futur centre-ville. Dans le prolongement de la ligne de conduite que la municipalité s’est fixée, un concours international est alors organisé pour connaître le futur auteur de cet évènement architectural. Le concours, organisé avec le soutien de l’Union internationale des Architectes. Il réunit un jury lui aussi international présidé par François GEINDRE, maire d’Hérouville-Saint-Clair et conseiller général, on compte parmi ses membres : – Lucien KROLL, architecte bruxellois – Rod MACNEY, architecte britannique – Mark BIASS, architecte en chef de la Z.U.P. d’Hérouville Saint Clair – Michel AUTHEMAN, chargé de mission d’inspection générale pour le Ministère de l’Urbanisme et du Logement – Giancarlo BURSIRI-DICI, président du Conseil National des architectes italiens – Roberto MATULLI, adjoint au maire de Bologne, chargé de l’urbanisme – Piotr KOWALSKI, sculpteur – Hubert DUBEBOUT, député-maire de Grenoble Le concours provoque de nombreuses candidatures, trois cent six dossiers sont retirés. Le programme stipule que les architectes doivent proposer l’élaboration du centre-ville d’Hérouville ainsi que les dispositions architecturales de ses principaux équipements à savoir l’hôtel de ville, un centre culturel, une brasserie, une hall et cinquante logements. Le jury étudie dans un premier temps environ cent vingt esquisses d’Allemagne, de Belgique, de Grèce, d’Irlande et de biens d’autres pays européens. En octobre 1982, seulement trois de ces dossiers accèdent à la seconde phase du concours. Ils sont l’œuvre du Danois Eric LARAIGNOU (projet n°1), du Caennais Louis DUBACH (projet n°58) et du St Lois Eugène LESENEY (projet n°119) ; quatre autres projets ont été proposés par le jury à M. GEINDRE. Ces trois architectes au style différent fournissent alors au jury trois avant-projets. Une seule contrainte technique leur est imposée, ils doivent insérer à leur projet les trois bâtiments existants du centre : le centre paroissial St François, la bibliothèque ainsi que le cinéma. Les projets sont exposés aux habitants pour assurer un choix le plus unanime possible de la part des futurs utilisateurs du centre-ville. Finalement le 23 avril 1983 le lauréat du concours est officiellement annoncé après deux jours de délibération. L’auteur désigné du centre-ville est Eugène Leseney et son projet de « Citadelle Douce ». La volonté de LESENEY et du maire M. GEINDRE est de créer à travers ce centre-ville, un événement architectural fort qui deviendra le lieu des évènements publiques. Réunissant des activités diverses, il doit devenir un lieu incontournable pour les hérouvillais et les caennais, lieu de vie et d’échange. Ce choix ne se fait pas sans heurts, certain candidat s’offusque de ne pas avoir été retenu. Cependant un véritable a lieu entre l’architecte et les habitants qui s’impliquent dans la création de leur centre-ville. Le projet s’élève à 117 000 000 francs. Les financements nécessaires pour la construction de la Citadelle Douce proviennent : – de l’Etat à hauteur de 32 %, dont – subvention de 40 % du Ministère de la Culture pour la réalisation du théâtre – subvention de 23 % du Ministère de la Culture pour la réalisation de la sculpture fontaine – 2,6 millions de francs provenant de la mission « Banlieue 89 » – de la Région Basse-Normandie et du Département du Calvados à hauteur de 2 % – de fonds privés à hauteur de 20 % – pour la réalisation des logements (SA HLM), – pour la réalisation des commerces (investisseurs privés) – pour la réalisation de la sculpture-fontaine (1 million de francs issu du mécénat). – de la Ville d’Hérouville Saint Clair à hauteur de 46 % soit 53 700 000 francs, dont 46 300 000 sous forme d’emprunt. Les travaux de la « Citadelle Douce » débutent par l’officielle pose de la première pierre en juin 1984. Ils s’achèvent à l’été 1986. Tous les chantiers (Hôtel de Ville, théâtre, logements, halle) sont entrepris simultanément. Dix-sept entreprises pour la plupart régionales concourent à cette réalisation, coordonnées par une équipe de l’Entreprise Quille. Dès mars 1987, les administrations et les artistes prennent possession des lieux. Mais la « Citadelle Douce », avec le Lycée Rabelais situé sur l’Esplanade, n’est officiellement inaugurée que le 22 juin 1987 sous la présidence de François MITTERAND, Président de la République, et de son épouse Danièle MITTERAND. Les habitants, ont assisté aux discours de M. MITTERAND et de M. GEINDRE sur la Place. Les festivités organisées pour ce baptême ont compté un buffet, un concert du chanteur HIGELIN ainsi qu’un feu d’artifice. La place centrale a pris le nom de Place François Mitterrand en 1996. Mais alors que les bâtiments sont achevés, une nouvelle vient ternir leur livraison. Dès la fin de la première phase du concours international, deux architectes concurrentes, Mme DUSSERT et Melle BERGER ont porté réclamation auprès du tribunal administratif estimant que le concours n’a pas suivi les procédures fixées par le règlement. Elles ont été rejointes par seize autres candidats dans leur opposition. Or le tribunal administratif leur donne raison en novembre 1987, le concours est donc annulé. Cependant la règle voulant qu’un bâtiment public ne soit pas détruit, la Citadelle Douce est maintenue en l’état et laissé aux habitants d’Hérouville-Saint-Clair. La « Citadelle Douce » a depuis affronté l’épreuve du temps. Malheureusement le concept désiré par LESENEY n’a pas correctement fonctionné. Les habitants ne se sont que peu approprié cet espace sous pris dans les courants d’air. Le symbole malheureux de cet échec se trouve être la halle-marché couvert qui n’a fonctionné seulement le temps d’une saison. Depuis, la halle a été fermée par des baies vitrées et est occupé par l’A.N.P.E.