Limoux (11300)

La chapelle de la Miséricorde est l'ancienne église du couvent des Augustins installés à Limoux à partir de 1358. Elle s'inscrit dans un îlot urbain, proche de la place de la république. Reconstruite en totalité, à l'exception de la façade Sud qui présente une belle élévation médiévale, la chapelle présente un décor intérieur du XIXe siècle similaire à celui de la cathédrale Saint-Michel de Carcassonne. Le porche Ouest néo-gothique est agrémenté d'un décor en terre cuite original.

Rares sont les documents qui mentionnent le couvent des Cordeliers avant le 17e siècle. Le couvent aurait été établi en 1360 et son église consacrée en 1511. En 1588, les Etats de Languedoc s'assemblèrent à Limoux, dans le réfectoire des Cordeliers. En 1645, la sénéchaussée et le présidial de Limoux, s'installèrent dans une partie du couvent des Cordeliers, moyennant un loyer. Le couvent occupait un vaste ilôt compris entre la place au Bois et les rues des Cordeliers, de Mal-Couzinat et du Pont-Vieux. Il se composait d'une église, d'une chapelle, d'un cloître, de bâtiments et de jardins. L'église, très vaste, comprenait un chevet heptagonal et dix chapelles latérales. Du chevet ne reste que la base des murs. A l'ouest de la nef, la tour-clocher carrée, couverte d'un dôme, est encore debout. Des bâtiments claustraux ne subsistent que quelques murs et une galerie du cloître.

Le socle était anciennement situé sur le chemin de Lapeyre, en bordure du V.O. 3 à Vendémies, hameau situé à 6 kilomètres au sud-ouest de Limoux (et réuni à celle-ci en 1965). Actuellement, le socle se trouve dans l'église de Vendémies, derrière l'autel. C'est un socle en grès, gravé, surmonté d'une croix de facture très rustique.

L'église est citée en 1214. Il s'agissait d'une simple église rurale votive, avec prieuré uni d'abord au collège de Narbonne, à Paris, puis à celui des Doctrinaires de Limoux. La renommée de ce pèlerinage était due à l'existence d'une source voisine, réputée miraculeuse. Il s'agit d'un grand édifice rectangulaire à nef unique de cinq travées, séparées par des arcs doubleaux reposant sur des piliers peu saillants, avec dosserets. Plafonds voûtés modernes. Sanctuaire pentagonal étroit, encadré par deux absidioles également pentagonales. De part et d'autre de la première travée, deux chapelles latérales forment transept. Y sont suspendus de nombreux ex-votos. La tourelle-clocher s'élève au sud de la seconde travée à partir du choeur. Cette tourelle octogonale a été en grande partie reconstruite en 1885. Le porche présente un caractère monumental. Les piédroits de l'entrée extérieure se composent d'une série de boudins de diamètres inégaux, tous profilés en amande avec avant-bec méplat, et disposés suivant un double ébrasement. Les colonnettes possèdent des chapiteaux à bouquets de feuillage sur deux rangs. La porte qui s'ouvre sur la nef est séparée en deux parties par un trumeau orné d'une statue de la Vierge. Au revers, dans la nef, il porte un cartouche avec l'inscription "Mater et Virgo". Les longues fenêtres du sanctuaire sont à deux formes, séparées par un meneau très délié. Chaque forme tréflée est surmontée par un trilobe et un quatre-feuilles occupe la pointe. La rosace sud est composée de six quatre-feuilles entourant un quatre-feuilles qui occupe le centre. Les six écoinçons sont vidés et garnis de vitraux.

L'église apparaît dans un document de 1120, bulle de Calixte II, confirmative des possessions de l'abbaye de Saint-Hilaire. En 1208, elle devient possession du monastère de Prouille. En 1317, le monument est érigé en cathédrale par Jean XXII, bulle annulée en 1318 à la demande de Prouille. C'est probablement cette dernière décision qui stoppa les travaux, car l'église resta inachevée. En 1355, la ville fut détruite par le Prince Noir, retardant la consécration de l'église jusqu'en 1453. Selon la tradition, le clocher aurait, à l'origine, été distinct de l'église romane laquelle, par la suite, aurait été allongée de deux travées, avec démolition du portail et réimplantation à l'emplacement actuel, hypothèse que rien ne confirme. ££L'édifice est à trois nefs avec déambulatoire, cinq chapelles absidiales et dix chapelles latérales établies entre les contreforts. Le presbytère est en communication directe, par un passage voûté, avec la sacristie et le transept sud. Deux clochetons, édifiés ou réédifiés en 1894, couronnent les extrémités nord et sud du transept. Les vestiges de l'église romane se réduisent à la base du clocher, au portail occidental et aux colonnes engagées des bas-côtés. Au portail, chacun des piédroits est garni de trois colonnettes adossées, à fûts cannelés et chapiteaux sculptés (feuillages, scènes historiées). Le plan à trois nefs de l'édifice roman a été conservé dans la reprise du 13e siècle (campagne commencée après 1261 et terminée au plus tard en 1340), sans autre modification que l'agrandissement en longueur. Les bas-côtés ont été prolongés par un déambulatoire qui entoure le choeur et dessert cinq chapelles absidiales. Le bras sud du transept a probablement été construit le premier, puis le bras nord, la carole et les chapelles absidiales, en tournant autour du choeur du nord au sud. Une cinquantaine d'années au moins sépare ces états extrêmes. La partie octogone du clocher a été édifiée au 16e siècle. Elle est formée de trois étages, percés de fenêtres en arc brisé. Cette tourelle repose sur quatre encorbellements qui ménagent le passage du carré à l'octogone.

Une partie des bâtiments date du 18e siècle (salon exceptionnel par son décor de papier peint complet avec les gypseries de la fin du 18e siècle). L'autre partie date du 19e siècle et a été construite dans le goût néo-classique tardif.

La façade principale, symétrique, s'ordonne autour de la grande entrée, encadrée de pilastres nus. Ces pilastres, de même que ceux qui marquent les chaînes d'angles, s'élèvent sur toute la hauteur de la façade. Au premier étage s'ouvrent cinq grandes fenêtres. L'ensemble est couronné par un fronton triangulaire, autrefois orné en son centre des armes de la ville. La façade latérale continue la même ordonnance, avec le même bandeau d'étage rectangulaire simple, les mêmes grandes fenêtres un peu cintrées. Les passages qui donnent accès à la cour ont été remaniés. L'escalier débute par une volée droite, suivie d'un palier, d'un quartier tournant et d'une autre volée droite. Les limons sont portés par des arcs. La rampe en fer forgé se continue tout au long du palier du premier étage. Elle se compose d'éléments très simples, assemblés par sections et tous semblables, sauf au panneau de départ, qui est seul orné de quelques motifs en tige, travaillés en fer rond et agrémentés de quelques feuillages en tôle.

En 1329, le roi Philippe V accrode deux cents livres à la ville de Limoux pour la construction du Pont Neuf. Une grosse réfection y est menée en 1737 (réfection totale de deux avant-becs, des parapets, murs de face et bandeaux amont, à la deuxième et cinquième arches). Ce devis indique qu'il existait sur le pont une chapelle, bâtie sur l'avant-bec de la troisième pile, et que le pont était autrefois muni de portes fortifiées. L'ouvrage est à six arches. Les cinq piles sont à avant-becs, tant vers l'aval que vers l'amont. Les pentes du dos d'âne du tablier sont peu prononcées. Voûtes en plein cintre, entièrement appareillées.