La villa « Maïtena » a été édifiée pour Louis Fabre, industriel à Maubourguet, propriétaire de la fonderie située à quelques mètres à l'ouest de la maison. En 1934, ce dernier s'adresse à deux architectes tarbais, Jean Gassan et Jean Martin, pour agrandir un « chalet » dont il est propriétaire. C'est le projet de Jean Gassan (1898-1958), dans le style néo-basque, qui est retenu ; ce choix serait dû au fait que Louis Fabre possédait une résidence sur la Côte basque, toutefois le projet est très similaire aux nombreuses villas que Gassan a déjà réalisées à Tarbes, notamment dans le lotissement de l'Ormeau et le quartier Fould. Le projet de transformation du chalet est rapidement abandonné - après septembre 1934 - au profit de la construction d'une villa de style néo-basque. Les versions successives proposées par l'architecte montrent une accentuation des caractéristiques régionalistes et du pittoresque néo-basque : multiplication des faux pans-de-bois, ajout de corbeaux, de génoises, de balcons, modification du dessin des baies. Le devis descriptif des travaux est daté du 3 novembre 1934, le terrain est acheté le 16 janvier 1935 et la première pierre est posée le 21 février 1935.
La villa est édifiée au centre d'un parc arboré 6250m2, à l'angle de la rue des Pyrénées et de la rue Jacques Bounneau, à l'entrée sud de la commune de Maubourguet. L'entrée principale, matérialisée par une pergola en béton, se trouvait autrefois rue des Pyrénées. L'accès se fait aujourd'hui par l'entrée secondaire rue Jacques Bounneau depuis le morcellement du parc à la suite de la vente de la maison en 2020. La villa d'environ 250m2 comporte deux entrées, l'entrée principale au sud, avec un porche dans-œuvre auquel on accède par un perron, et l'entrée de service côté ouest, abritée par un auvent. Les façades principales, au sud et à l'est, ouvrent sur le parc arboré. Elles sont animées par de nombreux décrochements (avant-corps et loggia soulignés de corbeaux formant coussinets, balcons aux angles - topique du néo-basque -, contreforts rythmant la façade). Ces façades concentrent également l'essentiel des codes régionalistes : asymétrie, faux pans-de-bois verts tranchant sur l'enduit blanc, soubassement en appareil de pierre irrégulier, claustras en tuiles canal des balcons de la loggia. La date de construction, 1935, et le nom de la villa - « Maïtena », « la bien-aimée » en basque - figurent, en graphie euskarienne, sous un corbeau à gauche du porche. La façade nord, plus dépouillée, est marquée par la grande baie thermale à base en gradins éclairant l'escalier. Les deux garages sont accolés au nord-ouest. Le sous-sol occupe toute la surface de la maison. Il comprend une cave à charbon, la chaufferie, un cellier, un petit laboratoire photographique et un garde-manger qui a conservé son carrelage et ses placards d'origine. L'ensemble de la distribution du rez-de-chaussée est commandé par le hall, qui se développe sur toute la largeur de l'édifice. Précédé d'un porche, il intègre dans son volume l'escalier principal. Il dessert les pièces d'habitation et de réception réparties à l'est et au sud - salon, bureau et salle à manger - tandis que les pièces de service (cuisine et laverie, lingerie, sanitaires, réserve, buanderie et garage) se trouvent à l'arrière, desservies par un couloir menant à l'entrée de service. Gassan déploie dans cet espace un style très Art Déco : symétrie des ouvertures, rampe en gradins arrondis faisant écho au dessin de la grande baie thermale occupant presque toute la hauteur du mur (les projets montrent plusieurs versions de la rampe, incluant ou non un garde-corps), motif quadrillé du sol en mosaïque au calepinage très soigné, tandis que la porte d'entrée vitrée reprend l'arrondi des portes navarraises cher au style néo-basque. L'enduit et les luminaires d'origine sont conservés. Le salon, le bureau et la salle à manger étaient ornés de papiers peints ; leur sol est en plancher « en pin des Landes 1er choix » et le bureau conserve une belle cheminée à foyer cintré en marbre griotte et sarrancolin. La salle à manger offre le décor le plus régionaliste : poutres et solives apparentes en staff, cheminée massive à piédroits en granit et linteau en bois gravé « Bilzen berotzen bozten » (se réjouir de la chaleur), accompagnés d'un ensemble mobilier dans le style néo-basque dont les dessins sont conservés dans les archives et qui a été racheté par les actuels propriétaires. Les chenets et la plaque de cheminée, également d'inspiration régionaliste mais bigourdane, proviennent de la fonderie Fabre, de même que les sonnettes des deux entrées et les grilles des canalisations du jardin. La cuisine est la seule pièce à avoir été rénovée, mais elle conserve son carrelage d'origine, de même que l'ancienne lingerie (servant aujourd'hui d'entrée), les sanitaires et débarras. La buanderie conserve également son carrelage ainsi que l'ancien lavoir, et communique avec le garage qui présente encore tous ses équipements (trappe de vidange, rangements, mécanisme du rideau de fer).