Place du Vivier
Siècle : 20e siècle
Description
L’école primaire de Sarrancolin se situe dans le bourg, sur la rive gauche de la Neste. L’architecte, Louis Mauny, dans son mémoire, en pièce du dossier du projet, présente les arguments défendant le projet de construction d’une nouvelle école porté par la municipalité de Edouard Lavigne, élu en 1925. Il signale que la population municipale s’accroit du fait de l’installation d’industries, notamment l’usine électrométallurgique de Beyrède, qui profitent de l’énergie hydroélectrique des Pyrénées. Ainsi, de 564 habitants avant la première guerre mondiale, le dernier recensement fait état de 751 habitants en 1926. Les industries drainent une main d’œuvre ouvrière en nombre, mettant en place des avantages pour favoriser les familles nombreuses (primes à la natalité, sursalaire familial, logements, coopératives, etc.). En effet, une cité ouvrière, avec un stade, un cinéma et une coopérative, a été édifiée à l’aval du bourg. Cette situation engendre un accroissement des effectifs scolaires. Le nombre d’enfants étant passé de 60 avantguerre à 154 en 1926, avec 197 inscriptions en juillet 1929. Il est nécessaire de former cinq classes, une classe enfantine, deux classes pour les filles et deux classes pour les garçons. L’architecte justifie ensuite le choix de construire un nouvel édifice et non pas de réutiliser celui en fonction. Il explique que ce dernier est situé au cœur du tissu médiéval dense : un groupe scolaire de deux classes et préau construit en 1910 à la place de maisons démolies. Les locaux présentent des inconvénients sanitaires, hygiénistes, de localisation et de sécurité. Le nouvel emplacement profite au contraire de nombreux avantages sur lesquels insiste l’architecte : écarté de la circulation, dans un lieu profitant d’air, de lumière, de silence et de sécurité. Le terrain à bâtir est prévu sur le bord ouest de la place du Vivier, au pied d’escarpements de rochers calcaires. Cette place est délimitée par la route nationale et le ruisseau du vivier qui lui est parallèle. Ce ruisseau, affluent de la Neste, est doublé d’un canal de dérivation de la Neste, qui alimentait un moulin. Entre les deux voies d’eau, des jardins s’étendent. La nouvelle école s’implante sur une partie du ruisseau et des jardins, adossée au canal de dérivation et avec la façade principale sur la place du Vivier. Dans le projet présenté, la cour de récréation est prévue devant l’édifice avec des clôtures mobiles. Il est possible que cette option ait duré un temps ou n’ait été qu’une hypothèse de projet et ait évolué pour placer la cour sur l’emplacement des jardins, sur la façade latérale sud. Des stationnements sont positionnés devant l’école en 1971 (prise de vue du 3 septembre 1971). Les jardins entre canal et ruisseau sont acquis également par la commune pour y installer les jardins des instituteurs et éventuellement un jardin scolaire. Dans le projet, l’architecte écrit dans son rapport que la classe enfantine est envisagée pour être équipée avec le mobilier individuel et le mobilier « de famille » de la méthode Montessori, qui a été commandé auprès de la maison « Natham » rue des Fossés Saint-Jacques à Paris, dite spécialisée dans ce genre de fournitures. Un matériel cinématographique doit également être installé dans l’école. Les documents de projet sont soumis à l’avis des autorités durant l’été 1929. Le montant des travaux est estimé à 731 000 francs. Suite à l’adjudication lancée le 24 octobre 1931, les travaux sont confiés à l’entreprise de Frédéric Bertagnolio, entrepreneur à Sarrancolin, sélectionné parmi huit candidatures dont six locales et deux éloignées (Paris, Bordeaux). La réception provisoire des travaux est prononcée le 1er octobre 1933. L’architecte Louis Mauny se présente comme ingénieur chargé des travaux du groupe scolaire de Sarrancolin. Il est installé à Arreau, village en amont de Sarrancolin, éloigné d’environ 7 km. Il est déjà actif en 1924, reconstruisant la poste de Cadéac. Il a été associé à Gély pour la construction d’une nouvelle mairie-halle entre 1929 et 1932, ayant recours aussi aux faux pans de bois en ciment à l’étage.