Vitré (35500)

Le premier château fut construit à la fin du 10e siècle ou au début du siècle suivant par Riwallon le Vicaire ou le Vicomte, l'un des chevaliers du duc Geoffroi Ier ; il occupait alors l'emplacement de l'église Sainte-Croix actuelle. Un deuxième château fut édifié au milieu du 11e siècle par son fils Robert Ier sur le site actuel. Il se composait d'un simple donjon et fut remplacé, au début du 13e siècle, par une forteresse beaucoup plus étendue, de forme triangulaire. Il en reste quelques courtines et la base de la tour au Véel. Cette forteresse fut elle-même reconstruite sur le même plan au 14e et au 15e siècles.

Le château des Rochers-Sévigné, résidence de campagne favorite en Bretagne de la marquise de Sévigné, est un ensemble composé d'éléments construits entre le début du 16e siècle et la fin du 19e siècle. Le logis, construit au début du 16e siècle sur un plan en équerre et dans un esprit encore gothique, a été légèrement modifié au 17e siècle (modification des baies) , puis prolongé au siècle suivant par une aile au sud, et en 1885 par un pavillon vitré. Le reste du domaine date des 17e et 18e siècles : la chapelle a été construite entre 1671 et 1675, le jardin, créé en 1689 par Charles, le fils de la marquise, a été reconstitué en 1982 selon le plan d'origine ; le tracé du parc semble dater de cette époque. En 1715, le château a été vendu aux Hay de Nétumières, qui ont fait ouvrir la cour, puis construire entre 1784 et 1789 tout un ensemble de communs de belle qualité (écuries, remises, orangerie).

Château du 17e siècle comprenant un grand bâtiment flanqué, à chaque extrémité, d'un pavillon en saillie. Bâti en briques et moëllons. A l'intérieur se trouve un plafond à poutres apparentes décorées de peintures. Mme de Sévigné mentionne ce château dans ses lettres. Elle y venait se reposer lorsqu'elle quittait son habitation habituelle.

L'église Notre-Dame a été fondée vers 1060 par Robert Ier de Vitré et donnée en 1116 à l'abbaye Saint-Melaine de Rennes. Elle a été presque entièrement reconstruite aux 15e et 16e siècles : ne subsiste de l'ancienne église que le choeur, dont les fenestrages ont été modifiés au 15e siècle. La façade sud, construite en deux campagnes (1480-1500 et 1530-1540) présente sept pignons séparés par des contreforts à pinacles. Elle s'orne d'une très belle chaire à prêcher. La façade ouest date des années 1580, sa porte a conservé ses vantaux d'origine, datés 1586. Le collatéral et le croisillon nord ont été reconstruits en 1467. La flèche de la tour centrale (1420-1442) a été reconstruite en pierre en 1858.

Cet édifice, en croix latine, bâti entre 1867 et 1913, est d'inspiration essentiellement romane. L'église s'inscrit dans le contexte des transformations sociales et des mutations urbaines de la commune dans la seconde moitié du 19ème siècle. Elle représente l'un des éléments clés de cette période, servant de point de repère et de lien entre la ville historique et les nouveaux quartiers. Sur un plan architectural, elle se distingue par la rationalité de sa construction, l'articulation de volumes bien identifiés et l'élégance des décors.

Cet ensemble se trouve à l'emplacement d'un ancien manoir appartenant à la famille de Sévigné. Le logis a été modifié au 19e siècle. L'ensemble est représentatif de la "maison des champs" telle que la concevaient les bourgeois de Vitré aux 15e et 16e siècles et a conservé sa distribution ancienne. Le logis est au centre d'un ensemble constitué au sud par un vivier entouré de deux avenues et d'une chaussée plantées. A l'ouest se trouve un jardin potager. Au nord et à l'est, les dépendances (maison du métayer, écuries, étable, porcherie, puits, four à pain).

Ensemble de constructions allant du 15e au 18e siècle. L'hôpital Saint-Nicolas (Hôtel Dieu) fut fondé au 12e siècle. Au moment de l'édification de l'enceinte, il est transporté au 13e siècle à sa place actuelle (1222). La chapelle fut construite à la fin du 15e siècle. Les bâtiments A et D datent du 17e siècle ; les bâtiments B et C du 18e.

Anciennes fortifications de la ville, construites entre 1220 et 1240. La tour des Prisonniers faisait partie de cette enceinte. La Tour de la Bridolle flanquait l'une des portes (Porte d'En Haut) , détruite en 1835. C'est une tour circulaire, en moëllons schisteux, coupée à mi hauteur par un bandeau comportant, dans sa partie supérieure, les corbeaux des mâchicoulis. A l'intérieur, elle est divisée en plusieurs étages, le dernier étant voûté en pierre. £

Gare construite en 1856, en pierre et brique. En 1857, la ligne est inaugurée par Napoléon III. La gare, long bâtiment rectangulaire, se compose d'un bâtiment pour les voyageurs, d'une salle de bagages et d'un second bâtiment symétrique pour deux bureaux. En 1882, le bâtiment principal a été prolongé vers l'ouest pour agrandir la salle d'attente des deuxième et troisième classes.

L'ancien hôtel de Sévigné, attesté dès le 15e siècle et construit sur le mur d'enceinte de la ville, fut racheté en 1740 par les Hay de Nétumières, seigneurs des Rochers. La tour et les anciens logis furent alors rasés jusqu'au niveau du sol pour élever une construction neuve sur les structures anciennes. C'est un hôtel urbain classique, construit entre cour et jardin, composé d'un corps central flanqué de deux ailes en très légère saillie sur la façade nord. Son utilisation comme cercle des officiers de la garnison de 1839 à 1906, puis comme épicerie, ne lui a pas fait subir de modifications majeures. En revanche, un incendie au début du 20e siècle provoqua la modification des toitures et de la façade sur jardin. L'intérieur a conservé une partie de ses pièces boisées et son escalier en bois de style Louis XV, mais a souffert d'un bétonnage assez lourd.

La partie ancienne de l'hôtel date du début du 17e siècle. L'hôtel est quant à lui du 19e siècle. La première partie, constituée par l'ancien hôtel de la Troussanais, bâti en 1607, est un remarquable exemple d'architecture civile Renaissance. Elle se compose d'un bâtiment en équerre avec une tourelle d'escalier dans l'angle rentrant de la cour. Les lucarnes en pierre, couronnées par des frontons circulaires ornés de statuettes, et les souches de cheminées comportent un riche décor en briquettes. La seconde partie aurait été construite au début du 19e siècle avec des fragments d'architecture et de sculpture provenant d'édifices démolis. De cette époque datent également le mur de clôture de la cour et le portail sur rue.

Cet hôtel constituait un relais important de la route du Mans à Rennes. C'est l'un des rares hôtels en pierre de Vitré antérieur au 17e siècle. Une marque sur la cheminée de l'étage laisse supposer qu'il s'agissait d'un hôtel de marchand. A l'intérieur, petit cabinet en bois en surplomb au-dessus de l'entrée ; escalier à vis en pierre avec jeu de bichromie entre le schiste ardoisier et le grès de Vitré.

La datation de cet ensemble se situe entre les XVe et XVIIe siècles avec une importante transformation aux XIXe et XXe siècles. Les maisons furent construites à partir de 1411, puis doublées en surface en 1546, et enfin réalignées et probablement surélevées en 18622. ll est vraisemblable que ces maisons n'en constituaient initialement qu'une seule, édifiée par un marchand de toile de chanvre commerçant dans une période de prospérité commerciale entre la Bretagne, l'Angleterre, les Pays-Bas et jusqu’au Nouveau Monde.

La grande salle centrale renaissance caractéristique des typologies de ces maisons de marchands, issue des modèles manoriaux, est ici couverte sous planchers à la française, et non ouvertes de leur hauteur sous charpente comme les autres maisons de Dinan ou du nord Finistère. Cette maison qui semble être un unicum témoigne de l’évolution des demeures de ville, de manière comparable aux salles basses sous charpentes qui sont progressivement planchéiées au XVIe siècle. La salle centrale était haute et plafonnée d’origine (sans charpente), mais une trémie a été créée pour amener de la lumière et avoir un éclairage zénithal, ce qui constitue une disposition très particulière.

Dans le parc du manoir ont été transférées, dans les années 1958, les étuves de la Reine Anne qui se trouvaient à l'origine dans l'ancien château de Guéméné, dans le Morbihan. Cette étuve du 14e siècle se présentait comme une petite pièce voûtée comportant, dans un ébrasement, deux excavations en forme de lavabo et des bancs sur deux côtés. A ses côtés se trouvait le petit édifice abritant les appareils de chauffage, mais ce dernier a été détruit. Dans les années 1970, un projet envisageait de transférer ces études dans la cour du château de Vitré.

Le prieuré des Bénédictins de Vitré est un édifice très important dans la ville. Edifié à l'endroit le plus élevé de la ville close et au-dessus de la vallée de la Vilaine, il s'impose au regard depuis les quartiers nord et à l'entrée en ville des routes venant de ce côté. Devenu urbain à cause de l'extension de la ville, et de ce fait pouvant être considéré comme couvent, il est au coeur de la ville close (secteur sauvegardé) et forme un ensemble avec l'église Notre-Dame (notice Mérimée PA00090899). C'est un monastère urbain du 17e siècle comprenant un cloître sur plan carré ouvert par cinq arcades en plein-cintre par côté ; les galeries du cloître ne sont pas en appentis mais intégrées dans les quatre ailes (l'aile sud est très peu importante ; elle présente un prolongement hors oeuvre vers l'est pour la porterie). L'ensemble est relié au choeur de l'église Notre-Dame par la sacristie. Les bâtiments sont caractérisés par un souci de symétrie et de sobriété typique de la Congrégation de Saint-Maur qui les a fait édifier. Au 19e siècle, les combles des ailes ouest, sud et est sont refaits, un parc remplace le jardin potager à l'ouest, un fronton néo-Renaissance frappé aux armes de la ville souligne l'entrée de l'aile est, le plafond et les portes donnant sur le cloître sont refaits dans le style Napoléon III. A l'intérieur, au rez-de-chaussée de l'aile nord, une salle lambrissée est classée au titre des objets mobiliers.