1 place des Arts ; 7-9 rue Sarrazinière
Siècle : 20e siècle
Description
L’ancienne école des filles, devenue école Jean-Moulin est située au centre-ville de Blagnac. Elle a été construite entre 1937 et 1939 par les architectures Pierre et Antonin Thuriès. Jeanne Hérisson, épouse Bégué, lègue en 1892 par testament à la commune sa grande maison située place du Charron (ou place Hérisson) dans laquelle elle vivait à la condition qu’elle soit affectée à une école des filles. Après consultations, la commune accepte le legs et entreprend les démarches d’acquisition des terrains mitoyens afin d’aménager trois salles de classe au rez-de-chaussée et deux logements dans les étages. En 1893, la commune de Blagnac compte 1866 habitants dont 160 enfants. L’école de garçons est alors installée dans un bâtiment communal, accueillant 70 élèves. L’école de filles occupe une maison louée mais les classes sont exiguës et les annexes insuffisantes pour accueillir dans des conditions favorables les 75 élèves. Le legs et le projet d’extension permettent de faire aboutir les divers projets qui se sont succédés depuis les dernières décennies pour réaliser une école de filles. Le projet est confié à l’architecte A. Gaubert. C’est l’entrepreneur Jean-Baptiste de Bessières qui est retenu lors de l’adjudication au rabais. La réception provisoire des travaux est prononcée le 23 mai 1895. L’école accueille en 1904 les effectifs de l’école congréganiste, une salle est aménagée dans le préau couvert pour l’école enfantine. La situation se dégrade et de nouveaux locaux doivent être trouvés. Les effectifs scolaires augmentent régulièrement dans les écoles de garçons et de filles. Des projets sont étudiés par l’architecte Thuriès dès 1928. Plusieurs solutions sont envisagées. Finalement, l’école des filles déménage dans un nouvel édifice et l’école maternelle s’installe seule dans l’école place du Charron. Les terrains sont achetés dans les jardins de Madame Delaux, en bordure de la rue Sarrazinière et contigus à l’école des garçons. Le 5 juin 1933 les plans et devis des architectes Antonin et Pierre Thuriès sont approuvés par le conseil municipal. Pierre Thuriès (1887-1946) exerce conjointement avec son frère Antonin (1885-1937). Ils construisent essentiellement dans l’entre-deux-guerres, pour une clientèle privée industrielle, entrepreneuriale et d’habitations : l’usine Job en 1931 et de nombreuses villas. Pierre est l’architecte du Pic du Midi. En tant qu’architecte des PTT, il conçoit l’hôtel central des postes de Toulouse entre 1939 et 1946. Le projet est mis en chantier. Les travaux de finition prennent du retard engendrant l’impossibilité de s’installer dans les nouveaux locaux au 1er octobre 1939. La guerre ralentit également la finalisation. En mars 1940, l’Armée de l’Air demande l’autorisation d’occuper les locaux pour loger des ouvriers polonais. L’état des lieux dressé à leur prise de possession des locaux permet de saisir l’état d’avancement du chantier : le chauffage central, l’eau et l’électricité fonctionnent. Il reste à poser quelques plinthes, des vitres, la serrurerie, des revêtements de sol. Quelques mois plus tard, les locaux sont libérés. La rentrée scolaire 1940 a lieu et les travaux doivent reprendre mais ne sont toujours pas effectuées en 1942. Les élèves de l’école de formation de l’armée de l’air sont finalement hébergés dans l’école jusqu’en septembre 1943. Ensuite, ce sont les Allemands qui occupent les locaux. A la Libération, l’Armée de l’air française occupe à nouveau l’école. Un état des lieux réalisé en 1945 dresse les dégradations suite aux occupations successives et les réparations à entreprendre. Les matériaux et les subventions manquent. En février 1950, le conseil municipal décide de terminer les travaux et la décision semble être respectée. Les écolières prennent possession de l’école et les institutrices de leurs logements. L’école devient l’école élémentaire Jean Moulin II, en service jusqu’en 2013. Une nouvelle école Jean-Moulin est construite plus au sud. L’ancienne école est intégrée à un projet de réaménagement des bâtiments municipaux situés autour de la place des Arts, dont l’actuelle mairie. Entre 2015 et 2019, le bâtiment est réhabilité et reconverti en espaces de travail. Le projet est confié à l’architecte Danièle Damon, aux urbanistes paysagistes Françoise Favarel et Catherine Roi, au bureau d’études TCE Ingerop, à l’économiste Alayrac et à l’acousticien Emacoustic. Le projet s’inscrit en continuité avec l’existant, proposant des aménagements dans le respect des dispositions d’origine et réversibles. Les menuiseries des salles de classe donnant sur la galerie ont été conservées. Celles remplacées l’ont été en bois et en respectant leur dessin d’origine. Quatre panneaux explicatifs reviennent sur l’histoire de l’école, l’architecture art déco, les architectes Thuriès et le projet de réhabilitation de 2019.