Périgueux (24000)

Construite entre 1125 et 1150, Saint-Front fut d'abord église abbatiale, puis collégiale et devint cathédrale en 1669 à la suite de la mutilation de la cathédrale primitive Saint-Etienne. L'église à coupoles du 12e siècle a été érigée en basilique mineure en 1897. Menaçant ruine, elle a été restaurée de 1852 à 1890. Le plan est celui d'une croix grecque formée de cinq travées carrées couvertes de cinq grandes coupoles sur pendentifs. Ces coupoles reposent sur douze piliers carrés, recoupés de passages cruciformes. Les six piliers d'angles du transept et du choeur abritent chacun une chapelle coiffée d'une petite coupole à lanternon. Au-dessous des grandes arcades latérales des quatre travées formant les bras de la croix, règne une coursière supportée par des arcatures et qui contourne tout l'édifice en traversant les piliers, sauf au chevet. Le choeur de l'église était primitivement constitué par la travée occidentale sous laquelle se trouvait la crypte abritant le tombeau de Saint-Front. L'orientation normale ne fut établie qu'après la destruction du tombeau par les Protestants, au 16e siècle. Cette travée occidentale est flanquée de deux petites constructions, dites "confessions", qui renfermaient sans doute des tombeaux très vénérés. Celle du sud, datant du 10e siècle, ouvre sur le cloître. L'autre semble plus ancienne (7e ou 8e siècle). A gauche de l'absidiole du croisillon sud, une niche conserve une fresque du 14e siècle. Divers cryptes sont situées sous les absidioles du transept et sous le choeur. Le clocher monumental, haut de soixante mètres, se compose de trois étages cubiques superposés, en retrait l'un sur l'autre, et d'un quatrième étage circulaire formé de 42 colonnes et surmonté d'un dôme conique revêtu d'imbrications. Des peintures murales du début du 15e siècle (1400-1410) provenant d'une maison démolie du quartier du Thoin, ont été transposées à la cathédrale.

Les bases du château reposent sur une partie de l'enceinte gallo-romaine. Ces murs comprennent des constructions allant jusqu'à la fin de la période gothique ou au début de la Renaissance. La propriété se compose des restes de l'enceinte ; d'une construction remontant en grande partie au 11e siècle ; des ruines d'un ancien château qui a subi différent remaniements mais appartient pour la plus grande partie au 15e siècle. Les parties basses ont été construites à l'aide de matériaux provenant de constructions antiques. Les parties supérieures des tours et des courtines sont construites à l'aide de petits moellons entremêlés de briques.

Cette enceinte fut construite hâtivement par les habitants, vers 284 après JC, peu de temps après la ruine de leur ville par les Alamans. Les barbares ayant été chassés et la ville dévastée, les Vésoniens reconstruisirent leur cité sur un emplacement différent qu'ils entourèrent d'une forte muraille. De plan oval, cette enceinte s'appuie sur l'amphithéâtre par un de ses côtés, elle est constituée de courtines d'une épaisseur de six mètres, flanquée de 24 tours rondes de huit mètres de diamètre. Cet ensemble fut bâti à la hâte, en maçonnerie pleine, édifiée à sec sans mortier avec des pierres provenant de leur ancienne cité détruite : fûts de colonnes, chapiteaux, autels massifs. Trois portes, dont deux subsistent permettaient l'accès à la ville. L'une d'elles, dite porte romaine ou porte de Mars, est le monument de l'époque romaine le mieux conservé de Périgueux. Elle est défendue par deux tours rondes décorées de pilastres et d'un entablement, l'archivolte de la porte est ornée d'arcs concentriques.

La chapelle est située dans l'enceinte du couvent. C'est un petit édifice qui date du début du 16e siècle, intéressant par certains détails dans la disposition des voûtes et l'ornementation. Les claveaux des arcs d'ogives sont entièrement couverts de fines arabesques Renaissance.

Construction cylindrique de 21 mètres au-dessus du sol actuel. Les murs sont montés en maçonnerie de blocage parementés sur leurs deux faces en petits moellons. Cet appareil se poursuit sans interruption jusqu'à une hauteur de 13 mètres. A 4, 50 mètres du sol, des pierres de taille espacées régulièrement traversent le mur dans toute son épaisseur et formaient à l'intérieur une saillie. A treize mètres, un cordon d'un double rang de briques apparaît dans tout le pourtour du monument. Au-dessus se voit une série de trous aux côtés en briques. Le dessus est fermé de la même manière avec un arc de décharge dont les claveaux alternent de brique et de calcaire. Le parement de moellons taillés se poursuit jusqu'à un second cordon de briques. A partir de ce point, le cordon se reproduit tous les 1, 32 mètres. Au-dehors et à l'intérieur subsistent quelques plaques d'enduit au mortier de tuileau. Du côté est, une ouverture correspondait à la porte du monument, cella d'un temple dont le cadre en pierre de taille venait compléter l'ordonnance. Un mur circulaire venait butter contre un massif de maçonnerie au droit de l'ouverture. Des fragments de chapiteaux, de colonnes, de pilastres, de bases de différents diamètres ont été retrouvés. Ces restes devaient provenir d'une colonnade que devait porter le mur circulaire formant galerie, ou bien de la décoration intérieure.

Cathédrale de Périgueux jusqu'en 1669, l'église est partiellement détruite en 1577 au cours des guerres de Religion. La travée orientale est alors restaurée. En 1907, une importante campagne de restauration, menée par l'architecte Henri Rapine, modifie l'édifice en substituant une couverture en pierre à la couverture en tuiles de la travée occidentale.

L'hôtel a remplacé, au 18e siècle, un logis reconstruit à la Renaissance par la famille de Meredieu dont les portraits et les armes du constructeur figurent dans les cartouches du plafond de l'escalier. Ce même logis Renaissance avait pris la place d'un autre qui existait au 14e siècle. Suivant la tradition périgourdine, une petite cour devait précéder l'entrée du logis. Le nouveau bâtiment a englobé cette cour en portant sa façade et son entrée directement sur la rue. Cette disposition a nécessité l'établissement d'un long couloir pour atteindre l'escalier. La face sud conserve, sur une partie, la trace de la construction primitive du 14e siècle sous forme d'une large porte en tiers-point à grands claveaux. La façade sur jardin est marquée par une légère avancée et comporte, à son angle sud-est, une petite tourelle polygonale tronquée. Le plafond du palier du premier étage est seul décoré de motifs sculptés. Ce plafond est divisé en trois caissons principaux subdivisés en plusieurs compartiments. Les sculptures représentent Adam et Eve, Eve prenant la pomme, l'Annonciation, la salamandre de François Ier...

Demeure de la fin du 18e siècle, attribuée à l'architecte Louis, de plan massé : simple rectangle aux angles légèrement arrondis, ornés sur chacun de ses grands côtés, d'une légère saillie formant avant-corps, portant un balcon et s'amortissant par un fronton triangulaire. La façade sud est précédée d'une terrasse et repose sur des caves voûtées.

Porche du 17e siècle dont l'appareil de pierre en saillie encadre une ouverture arrondie. Des pilastres soutiennent une corniche moulurée très débordante, couronnée par un fronton coupé, décoré en son centre d'un oeil de boeuf encadré d'une guirlande de feuilles de laurier reposant sur un cuir, et agrémenté de rubans. Deux boules complètent l'ensemble. A l'angle de l'immeuble, petite niche de style composite.

L'hôtel fut construit au 15e ou début 16e siècle sur des bases plus anciennes dont quelques traces sont conservées. Sur la rue, au niveau du premier étage, un mur est surmonté d'un balcon sur toute sa longueur, limité par une rampe en fer forgé. Dans la cour d'honneur se trouve un bâtiment en retour d'équerre dont les deux corps sont soudés par une tour d'escalier polygonale, sur laquelle se greffe une tourelle ronde en encorbellement. Dans un coin de la cour se trouve un puits Renaissance dont six colonnes carrées supportent un entablement sur lequel repose une toiture en forme de calotte.

L'hôtel renferme un escalier Renaissance qui se développe dans un quadrilatère irrégulier autour d'un jour de même forme. Les volées de marches occupent trois des côtés, le quatrième est formé par un long palier donnant accès aux appartements. A ses deux extrémités, des colonnes superposées, placées au sommet des angles, reçoivent sur les chapiteaux les retombées des arcs rampants et les plate-bandes cintrées des paliers. Ces derniers sont formés de grandes dalles, et sont décorés en dessous de nervures et de caissons dont les dessins ornent le plafond. L'autre extrémité des marches et des paliers est supportée par un bandeau mouluré encastré dans les murs et reposant sur des corbeaux ornés d'écussons et de divers ornements. Les dalles qui formaient garde-corps et supportaient la main courante, ont disparu.

A partir de 1911, le médecin Marc Antoine de Brou de Laurière fait construire un hôtel particulier de style néo-classique. La façade sur rue est précédée d'une cour, et l'arrière s'agrémente d'un parc occupé par un bâtiment de garage. Une serre complète l'ensemble à l'est. Le plan reprend la fonctionnalité des différentes parties. Une partie habitation s'inscrit dans un plan rectangulaire ; le cabinet médical occupe un espace au rez-de-chaussée et en retrait de la façade principale. Outre l'activité médicale, le rez-de-chaussée abrite les pièces de réception. Le premier étage comprend les chambres. Les combles regroupent la lingerie et le logement des domestiques. Cuisine, salle à manger des domestiques et différents locaux de type chaudière et entrepôt à charbon se retrouvent au sous-sol.

Aucun élément ne permet d'éclairer l'appellation de cet édifice. La façade sur cour présente une galerie à trois arcades sur des colonnes à chapiteaux typiques du Périgord et de l'époque. Cette galerie abrite des plafonds à voûtes plates et à caissons sculptés (Amour ou putti armé d'une masse et terrassant un dragon ; château fort dont la cour intérieure est occupée par un arbre ; buste d'homme à la barbe fleurie...).

Construite dans la rue médiévale qui a succédé à l'ancienne voie romaine, la maison des Dames de la Foi fut d'abord une maison du Temple, puis un hôtel particulier. En 1680, elle est donnée par les Arnaud de Laborie aux Dames de la Foi qui y résidèrent jusqu'en 1792. Dans la seconde moitié du 19e siècle, l'immeuble est divisé en plusieurs logements locatifs. En 1997, l'immeuble est racheté et réuni en une seule propriété. La maison a conservé une grande partie de ses dispositions originelles de l'époque romane ; le décor est concentré en façade.££Il s'agit d'une maison romane de plan trapézoïdal dont les quatre murs porteurs sont conservés, et présentant une distribution initiale de deux niveaux, modifiée au 16ème siècle par l'adjonction d'un étage et d'un mur de refend. En 1996, une étude archéologique du bâti a mis au jour des peintures murales, principalement dans le premier étage primitif. Ces décors s'inspirent du répertoire iconographique du Nouveau Testament et sont datables de la fin du 13ème, début 14ème siècles.

Modifiée à diverses époques, la maison conserve, sur l'une de ses façades, une fenêtre d'époque Louis XII ayant perdu ses meneaux. La porte est ouverte sur l'angle des deux rues. Son linteau est surmonté d'un encorbellement formant trompe, destiné à passer du pan coupé à l'angle droit. La porte donne accès à une petite cour fermée par un mur qui s'élève dans la hauteur du rez-de-chaussée. Ce mur est couronné d'un garde-corps porté sur des corbeaux et forme ainsi une sorte de terrasse ou de balcon, disposition assez fréquente dans les maisons de ville du Périgord. L'extrémité de ce balcon aboutit à un petit pavillon couvert par un comble en impériale. La partie la plus importante de l'immeuble est un corps de logis de la fin du 15e siècle, avec tourelle sur l'angle.

Edifice roman dont l'intérieur consiste, sur trois niveaux, en une vaste salle. La maison a conservé une partie de ses fenêtres d'origine et la chambre du deuxième étage est ornée d'une peinture murale du 13e siècle. Un ensemble de bâtiments du 17e siècle s'est greffé autour du bâtiment initial.

L'ancien hôtel abrite un escalier Renaissance à quatre noyaux et jour rectangulaire. Cet escalier au décor sculpté est le vestige d'un logis du 16e siècle détruit par un incendie au début du 19e siècle. Il s'agit d'un escalier tournant à quatre noyaux, avec trois volées droites et deux repos formant retour d'équerre. Il comporte deux étages et s'appuie sur un mur de cage. Les plafonds à caissons des repos et paliers sont ornementés, de même que les colonnes constituant les noyaux. Le plafond du palier de l'étage noble est disposé en trois caissons, avec un décor très recherché : Vénus aux longs cheveux et Eros, un monogramme (H et S) , et des armoiries martelées. La balustrade de la première volée conserve des balustres rampants de forme originale. Les balustres des autres volées, plus récents, sont en double poire.

Constituées à partir du début du XIXe siècle, les collections artistiques et archéologique de Périgueux et du Département de la Dordogne sont d'abord restées sans lieu d'exposition adéquat. En 1868, le conservateur de l'époque les installe dans un ancien couvent reconverti en prison longé par le cours Tourny mais l'accroissement des collections rend ce bâtiment trop exigu et un concours d'architectes est lancé en 1894 pour créer sur le site un nouveau musée couplé à une bibliothèque (qui sera finalement déménagée en 1980). L'établissement est inauguré en 1903. Ayant remporté le concours, Planckaert, architecte de Limoges, réalise un bâtiment scindé, comme demandé par le règlement, entre la bibliothèque et le musée. Son accès se fait par le Nord, par une triple entrée très ornementée. Le musée est ensuite organisé autour d'un cloître créé par l'architecte pour évoquer le passé religieux du site. Seul vestige de l'ancien couvent, la chapelle des Augustins, datée du XVIIe siècle, clôture le bâtiment au Sud. Les salles et réserves du musée sont réparties autour de ce cloître. Le musée était prévu pour être aménagé sur un seul niveau éclairé de façon zénithale par des verrières, mais des sols ont pu être ajoutés pour aménager des espaces supplémentaires. L'ancienne bibliothèque a également été investie par le musée et reconvertie en salles d'exposition ou pédagogiques. Les salles et façades principales du musée sont marquées par un imposant décor sculpté (têtes de lion, guirlandes de pampre, etc.), l'architecte ayant fait le choix de mêler dans son bâtiment différents styles (façades classiques, cloître d'inspiration romane, etc.). Le musée a par ailleurs peu retouché l'aménagement de certaines de ses salles et vitrines, qui constituent des témoignages des anciennes muséographies. Le bâtiment souffre en revanche de dégradation (infiltrations d'eau) et d'un manque de place qui l'empêche de profiter pleinement de tous ses espaces, notamment de la chapelle.

Palais de justice construit par l'architecte Louis Catoire (1806-1864) de 1829 à 1839 en forme de temple tétrastyle de forme rectangulaire, dans lequel s'inscrit un plan en croix.

Oeuvre de l'architecte Bouillon, cet édifice fut inauguré en 1864. Il subit trois incendies entre 1875 et 1882. Félix Faure y fut reçu en 1895 et Poincaré en 1913. Sur la façade principale est plaqué un avant-corps à trois niveaux, respectant la progression classique des ordres architecturaux, encadré de pilastres plats vermiculés et de colonnes jumelées, et surmonté d'un fronton brisé enserrant une lucarne portant elle-même un fronton semi-circulaire. Les ailes se développent de chaque côté de cet enemble. Le premier étage poursuit la décoration de style corinthien de l'avant-corps central. Deux ordres superposés règnent sur la façade orientale, en retrait. A l'intérieur, le grand salon se signale par son plafond à trois travées, remplies de trois grands médaillons ouvrant sur des ciels en trompe-l'oeil. Un bandeau décoré de rinceaux et de putti règne sur tout le pourtour de ce plafond. Sur les murs, les boiseries sont rythmées de grands pilastres corinthiens encadrant des glaces surmontées de médaillons en stuc. L'ancienne salle à manger comporte une décoration néo-Louis XV avec un vaste plafond dont le partie centrale est occupée par un ciel en trompe-l'oeil, sur lequel se détachent des éléments végétaux peints. Dans le vestibule, quatre colonnes toscanes supportent un plafond à caissons. Un porche en plein cintre débouche sur un escalier à double circulation dont la rampe décorée de croisillons de pierre à l'antique évoque plutôt le style Empire. Les murs sont divisés en grands panneaux peints en faux marbre.

Cette loge résulte de la fusion de deux anciennes loges de Périgueux. Elle prend pour titre "les Amis persévérants et l'Etoile de Vésone réunis" et s'installe le 1er mars 1857. En 1861, lors du percement de la rue Saint-Front, la ville concède à la loge la superficie de terrain sur laquelle doit avancer la façade de l'immeuble. Le temple est inauguré en 1869. Plans de la façade, sculptures et travaux sont l'oeuvre de l'architecte Lambert, de l'artiste Grasset et de l'entrepreneur Eyssalet. En 1876, une scission amène la création d'une nouvelle loge, dite "la Tolérance". ££Seules les façades nord et ouest reçurent un décor qui rappellerait une architecture mauresque balkanique. Les ouvertures de l'étage sont géminées et ornées de colonnettes supportant un arc mitré. Deux sortes de petits clochetons encadrent le pignon. Les éléments de la décoration sont à dominante de lignes brisées, avec quelques éléments circulaires ainsi qu'un décor de rinceaux et de motifs végétaux.