Rochechouart (87600)

Le château de Rochechouart doit son origine à la fortification, vers l'an mil, d'un éperon rocheux dominant la Graine. La châtellenie fut, jusqu'en 1470, le fief d'une branche cadette des vicomtes de Limoges. De l'ancienne forteresse ne subsiste que le châtelet d'entrée à pont-levis qui conserve une des tours flanquantes du 13e siècle. D'importants travaux eurent lieu à la fin du 15e et au début du 16e siècle, consécutifs aux dégâts de la guerre de cent ans et à la faveur de la transmission de la vicomté à Jean de Pontville. Le château fut agrandi selon un plan pentagonal, dont la tour nord-ouest, arasée, devait être la tour-maîtresse. Bien que modifiés ensuite, les corps de logis portent encore témoignage de ces embellissements à des fins résidentielles : grandes travées de baies couronnées de lucarnes passantes, galerie de cour sur colonnes au fût mouluré en torsades (comme au château d'Oiron par exemple) , décor intérieur de peintures murales remarquablement conservé. En 1793, les révolutionnaires ne parvinrent qu'à étêter les deux tours qui encadrent la façade sud-est. Après l'acquisition du château par le département et la ville, en 1836, afin d'y loger la sous-préfecture et la mairie, différentes campagnes de restauration furent menées, au titre des Monument historiques, à partir de 1858-1859. L'aménagement du musée départemental d'art contemporain, ouvert en juin 1985, a été l'occasion d'un grande campagne de restauration intérieure.

D'origine monastique, l'église a été construite au 11e siècle par des moines de l'abbaye de Charroux, en Poitou. L'édifice actuel a conservé une importante partie du bâtiment d'origine. Le mur latéral nord et une partie du bras nord du transept subsistent de cet édifice primitif. Le clocher date du 13e siècle et a été restauré en 1525. Reconstruction de la flèche en 1765. En 1813, installation des six colonnes rondes en bois qui séparent la nef des bas-côtés et qui supportent un lambris en forme de voûte surbaissée. Le plan est en croix latine. Le choeur se termine par un chevet plat. Le portail limousin du 13e siècle est formé de trois voussures en arc brisé avec archivolte d'encadrement. L'intérieur a été en grande partie remanié. Le mur qui porte la fresque remonte au 11e siècle. Le Christ en majesté est d'esprit roman par son style. Des phylactères déroulés portent des inscriptions appartenant, par leur facture, au répertoire gothique. Cette fresque pourrait remonter au 15e siècle.

Avant l'église actuelle existait une église romane dont il reste quelques parties. Le bâtiment actuel fut commencé en 1262. Seul le croisillon sud et le clocher qui, en tombant, le déteriora, furent remaniés au milieu du 17e siècle. L'église est en forme de croix latine, à chevet plat. L'entrée est de type limousin commun au 13e siècle. La façade sud a subi des remaniements au 17e siècle. La façade nord a conservé son aspect primitif, reste de l'église romane. Une tour rectangulaire permet d'accéder aux combles. Clocher octogone à quatre fenêtres géminées. Trois furent refaites en 1761 et l'autre, sur la face nord, date du 13e siècle. La croisée du transept est couverte d'une coupole octogonale sur pendentifs, soutenue par quatre larges arcs en tiers point retombant sur des piliers carrés. La coupole est percée, en son sommet, d'un oculus. Le croisillon nord est voûté d'ogives de profil trilobé retombant sur des colonnettes supports. Voûte octopartite à liernes et formerets. C'est un monument important de transition entre la période romane et la période gothique, à prépondérance cistercienne.

Le tablier en dos d'âne enjambe la rivière par trois arches de hauteurs et de formes différentes. L'arche principale, reconstruite en plein cintre, a dû être construite à l'origine en ogive. L'arche centrale a également été rebâtie en plein cintre. L'arche de droite a conservé sa forme d'origine. Elle sert d'entrée aux eaux du canal d'alimentation du moulin qui se dresse derrière le pont. L'avant-bec triangulaire, entre les deux petites arches, était à l'origine un refuge. Sa suppression semble avoir été réalisée vers le 17e ou le 18e siècle. Le grand avant-bec, formant refuge pour piéton, a un dessin en triangle aux côtés convexes. Cette forme peut rappeler celle des avant-becs en amande. Peut-être a-t-elle été le début de ces types d'avant-becs caractéristiques des ponts du Limousin au 13e et 14e siècle.

En 1990, le Conseil général de la Haute-Vienne a acquis une maison de la place des Halles où, dans une façade banale, une fenêtre en granit, encadrée de moulurations de la fin de l'époque gothique, prouvait une certaine ancienneté du bâtiment. Les travaux d'installation du tribunal d'instance de Rochechouart dans ces locaux ont remis au jour des traces de décor peint à fresque, mentionné par le Dr Marquet dans les années 1900. On y devine un buste d'homme en costume du temps de Louis XII ou de François 1er, et une série de portées musicales accompagnant un texte. C'était la maison appelée du Prieuré, dernier vestige du prieuré Saint-Sauveur fondé en 1049 par les moines de l'abbaye de Charroux à proximité du château de Rochechouart, sur le territoire de la paroisse de Biénac. Divers aménagements, à partir de 1762, l'ont transformée en maison ordinaire. Le décor peint est certainement à rapprocher des fresques du château. Il a été mis en réserve sous une protection spéciale afin de permettre l'activité du tribunal.