place du Capitaine-Leveaux
Siècle : 20e siècle
Description
En 1966, le ministère de la Jeunesse et des Sports lance un concours pour un prototype d’équipement socio-éducatif visant à équiper la France de « Mille clubs de jeunes ». La même année, le ministre de la Jeunesse et des Sports François Missoffe décidait de la rédaction d’un Livre blanc sur la jeunesse, consultation qui devait permettre à la jeunesse d’exprimer son opinion mais qui ne recevra pas l’accueil escompté. Dans un but économique, les Mille clubs devaient être des modèles de série, produits selon des processus de préfabrication légère. Ils devaient être livrés en kit aux communes sélectionnées et montés par les jeunes sous la direction d’un agent technique, impliquant une facilité d’assemblage et un poids limité (moins de 60 kg par élément constructif). Le choix du terrain, sa viabilisation et la réalisation des fondations du club étaient à la charge des municipalités. Les exemplaires devaient être identiques quelle que soit la région ou la taille de la commune (urbaine ou rurale), comporter un foyer avec bar et sanitaires, et assurer une diffusion et un accès aux animations socioculturelles égalitaires sur tout le territoire. 1130 clubs, de deux modèles différents (SEAL et BSM), sont livrés de 1968 à 1972. Une deuxième opération est initiée à la suite du Plan Construction de 1971, qui devait stimuler l’innovation dans le domaine du bâtiment. Un concours de conception-construction est décidé l’année suivante pour « l’étude de bâtiments ayant une grande souplesse en plan et en aménagements intérieurs, leur permettant d’être utilisés à des fins diverses ; et la réalisation, à partir de cette étude, d’un millier de clubs de jeunes qui seront répartis sur l’ensemble du territoire de la France métropolitaine ». Il ne s’agit donc plus des deux modèles identiques proposés entre 1968 et 1972, mais de nouveaux modèles plus adaptables. Parmi les trois lauréats de ce concours, l’entreprise SCAC et l’agence d’architecture Environnement Design rejoignent les deux lauréats déjà présents au premier concours. Les marchés de base sont achevés fin 1976 pour SEAL et BSM et fin 1977 pour SCAC. 2 500 clubs sont construits à l’issue de ces deux phases. La ville de Watten va bénéficier de cette seconde phase. Commune rurale et industrielle de 3000 habitants, elle voit ses deux principales usines fermer entre 1960 (Tuileries du Nord) et 1977 (filature Vandesmet). Le canal de l’Aa, qui longeait le bourg, est comblé en 1967 et remplacé par un canal plus adapté aux cargaisons modernes, plus à l’ouest. Par délibération du 11 octobre 1975, le Conseil municipal de Watten sollicite « l’attribution à titre gratuit d’un bâtiment type « 1.000 clubs » pour abriter les activités de l’Association culturelle « Loisirs et Promotions » en voie de constitution ». Le maire, Georges Fortry, souhaite ainsi profiter de cette opération nationale pour offrir un local à cette future association municipale. L’association semble d’autant plus correspondre à l’objectif ayant présidé à la création des Mille clubs qu’elle aura pour but « de promouvoir des réunions d’information, d’organiser des activités dirigées, des fêtes », donc de contribuer à l’animation de la ville. Le Mille club permettrait de bénéficier d’un local cloisonné et répondant aux normes de sécurité exigées. Deux mois plus tard, le préfet répond au maire que « le contingent alloué au titre des programmes 1975 et 1976 est affecté », mais qu’il prend bonne note de sa demande et ne manquera pas « de la considérer avec la plus grande attention dans le cas de disponibilités ou de l’élaboration d’une prochaine programmation ». Le maire s’arme donc de patience. Son successeur, Roger Vandenbergue, retente sa chance deux ans plus tard auprès du sénateur du Nord, Maurice Schumann, qui lui répond le 2 juin 1977 qu’il « procède immédiatement à une démarche conçue en termes tout particulièrement pressants auprès de M. le Préfet du Nord pour ce qui concerne le bâtiment type ‘Mille Clubs’ ». Cette démarche porte ses fruits. Le 8 septembre 1977, Maurice Cornette, député du Nord, informe le maire « de ce que l’installation du club de jeunes « Mille Clubs » figure en priorité sur la liste prévisionnelle de la programmation 1978 ». Watten bénéficie en fait d’une défection qui intervient le mois suivant. La ville peut alors bénéficier d’un club de type SCAC, créé par l’agence d’architecture Environnement Design. Les procédures administratives s’enchaînent. La municipalité peut également bénéficier d’une subvention forfaitaire de 12 000 francs, attribuée par le conseil général du Nord aux collectivités bénéficiaires d’un « 1 000 club de jeunes ». Les éléments permettant la construction du Mille club sont livrés le 24 février 1978 à la commune, mais le permis de construire n’est déposé que le 20 janvier 1981. Les travaux ont lieu toute l’année 1981. Le montage est effectué par l’entreprise Bourbourg-Services. En effet, l’idée de faire monter la structure par les jeunes de la ville est rapidement abandonnée compte-tenu de la complexité du montage et du poids des éléments.