Frœschwiller (67360)

Commanditaire : le préfet Adrien Lezay Marnesia.

La famille Eckbrecht de Durckheim tenait en fief de l'évêque de Strasbourg le village de Froeschwiller depuis le 14e siècle. Le château, accolé à l'église du village, était constitué d'un corps principal flanqué de deux tours et de dépendances accessibles par une porte dans un corps de passage. A l'arrière se trouvaient jardin et parc. Vers 1850, le château fut reconstruit et se présentait comme une grande villa rectangulaire, avec un balcon porté par des piliers. Il fut à nouveau transformé et agrandi en 1890 par l'architecte Emanuel von Seidl qui y ajouta un toit brisé, avec lucarnes à frontons et une tour couverte d'un belvédère. Un second bâtiment d'habitation fut élevé à ses côtés, réuni au bâtiment principal par un passage à l'étage porté par un arc surbaissé. Les dépendances portent la date de 1891.

Situé dans l’arrondissement de Haguenau-Wissembourg dans le Bas-Rhin, dans la vallée de la Sauer, Frœschwiller est un petit village passé très tôt à la Réforme luthérienne, à savoir lors de l'entrée en possession du village par les Eckbrecht de Durckheim en 1552. En 1685, un simultaneum fut introduit, dans ce qui était alors la première église du lieu, le chœur étant réservé aux catholiques et la nef aux protestants. En 1841, la construction d'une nouvelle nef fut planifiée, puis élevée en 1845 avec l'entrée principale sur la rue, dans le sens nord-sud. Le 6 août 1870, la bataille de Frœschwiller-Wœrth a mis environ 20000 hommes hors de combat, les pertes étant d’environ 10600 côté allemand et 9600 côté français. Au cours de cette journée, l’église de Frœschwiller, qui a servi d’ambulance pour plus d’une centaine de blessés, a été incendiée par un obus, et les autorités allemandes victorieuses se sont engagées à reconstruire une église au même emplacement. En 1874, le projet de Charles Winkler, architecte des monuments historiques, est retenu, après que la première pierre avait été posée symboliquement dès le 6 août 1872. La reconstruction est placée sous le haut patronage du prince héritier Frédéric-Guillaume, et de très nombreux dons provenant d'Allemagne aident à financer les travaux et l'ameublement de l'église. L'édifice de style néo-gothique est achevé et inauguré en 1876. Le pasteur Charles Klein, qui avait suivi et encouragé les travaux, prononce le discours d'inauguration le 30 juillet 1876, dédiant l'église à la Paix. L’Eglise de la Paix a été classée monument historique par les autorités allemandes en 1898, puis radiée par les autorités françaises en 1930.

L'église, orientée nord-sud, est précédée d'un porche à trois travées, voûtées d'ogives. Les portails sont en arc brisé, surmontés d'un gâble ; au sommet de l'arc central, se trouve une statue d'ange. Le clocher en pierre de taille est couvert d'une flèche, avec dais, gâbles et gargouilles. La nef également voûtée à croisée d’ogives, compte quatre travées. Il n’y a pas de transept. La façade nord de l’église présente deux tourelles d'escalier aux angles nord-est et nord-ouest, avec escaliers en vis. Le chœur est peu profond ; il est à deux pans coupés. A l'intérieur, le vaisseau central voûté d'ogives est flanqué de tribunes au-dessus de passages latéraux couverts de voûtes en berceau surbaissé. Entre les travées, on retrouve des arcs trilobés. Les piliers, arcs, nervures des voûtes sont en grès sculpté. Les clés de voûte sont ornées de rosaces, et les chapiteaux des piliers sont à crochets. Les garde-corps des tribunes sont en tôle découpée, sauf celle de la tribune d'orgue, qui est en bois. Le chœur est couvert d’une voûte à croisée d'ogives, et percé de cinq baies hautes.