Gordes (84220)

L'hôtel Saint-Firmin de Gordes, sous l'ancien Régime demeure de la famille Gaudin de Lancier qui servait les seigneurs du lieu, n'est que la face immergée d'un "iceberg" qui juxtapose et superpose de multiples éléments, redécouverts, dégagés et remis en valeur depuis une trentaine d'années. Se trouve en effet regroupée dans la propriété actuelle la majeure partie d'un îlot en grande partie ruiné, situé intra muros dans la partie haute du bourg, à l'est de l'église. Il abrite les vestiges de constructions médiévales dont l'implantation a conditionné la structure de la voirie et du bâti jusqu'à nos jours. Des traces de l'enceinte urbaine du 14e siècle sont également repérables. Particulièrement complexe, l'ensemble permet d'évoquer la vie et l'évolution d'un quartier depuis le Moyen Age : habitat, activité économique, réseau des rues, parcellaire. On remarque en particulier l'étage de soubassement d'une demeure médiévale dérasée, dont les salles voûtées en berceau sont imputables aux 12e-13e siècles, un moulin troglodyte doté de deux pressoirs situé dans la partie sud (15e siècle) , un autre grand moulin plus récent au deuxième sous-sol de l'hôtel, et toute une série de salles et d'équipements troglodytes remarquablement taillés, répartis sur plusieurs niveaux (salles, caves, citernes, cuves, rigoles, passages ...). Le tout se dissimule aujourd'hui sous des terrasses, qui rachètent la forte dénivellation. L'hôtel particulier occupe la partie nord-ouest et est accessible par la rue du Four. Il comporte une petite cour, une cage d'escalier ouverte sur celle-ci et deux ailes de taille relativement modeste comprenant rez-de-chaussée et deux étages. Bâti au début du 17e siècle, l'immeuble a subi au fil des ans, au 18e siècle en particulier, un certain nombre d'avatars qui l'ont amputé progressivement de plusieurs parties, à l'ouest comme au sud-est où devait exister une seconde cour fermée. Aujourd'hui les éléments les plus remarquables sont le portail Louis XIII sur la rue, les grandes croisées à bossages ou à ordres superposés du corps principal, et, à un moindre degré, le salon des quatre saisons au rez-de-chaussée. Mais le plus intéressant est l'escalier rampe sur rampe, avec la profusion de ses balustres et le décor à pointes de diamant en stuc de ses plafonds ; malgré une certaine lourdeur et quelques maladresses, on pourrait sans doute le comparer à des exemples plus urbains, montpelliérains ou lyonnais. D'autres éléments, tels que les portes dans l'angle, ont leurs modèles au château de Gordes. Même s'il est hétérogène et très restauré, l'ensemble présente incontestablement un grand intérêt. Le peintre André Lhote écrivait en 1943 qu'il s'agissait de "la plus belle demeure de Gordes".

D'origine hongroise, Victor Vasarely (1906-1997) est un artiste atypique dont le parcours prend une autre dimension lorsqu'en 1948, il découvre le petit village de Gordes, perdu dans les Monts de Vaucluse. L'abstraction géométrique apparaît alors comme une évidence. C'est le point de départ de ses recherches et de son cheminement vers l'art optique. En juin 1970, en présence de Claude Pompidou, il inaugure le musée didactique installé dans le château renaissance de Gordes. Il concrétise avec cette première étape, son projet de fondation, qui sera reconnue d'utilité publique le 27 septembre 1971. En 1950, Vasarely achète une maison, entourée de bories et au fil des années, se constitue un domaine.

La maison, très sobre, de plein-pied, comporte deux niveaux, avec les pièces de vie au rez-de-chaussée et, à l'étage, l'atelier, une chambre et l'atelier de son épouse Claire, deux salles de bain (installées dans les années 70 avec l'arrivée de l'eau courante. Les différentes façades ne présentent aucune composition ou de décors particuliers, à l'exception de la façade sud, sur laquelle le fenestrons, source de l'inspiration de Vasarely, es toujours intact. les abords ont été aménagés en terrasse, avec des dalles de pierre. Les bories sont encore utilisées aujourd'hui comme pièces d'habitation. Le mobilier d'origine des ateliers (table de travail, bureau, meubles de rangement, fauteuils, tabourets), le matériel (lampes et carton à dessins), la vaisselle et même quelques vêtements ont été conservés.

Ce moulin à huile, construit en 1762, servait à l'extraction de l'huile d'olives, corps gras privilégié de l'alimentation de la France du sud-est. Le procédé mis en oeuvre s'apparenterait à celui qui figure sur les planches de la Grande Encyclopédie.