Le Dorat (87210)

Selon la tradition, pour commémorer une victoire gagnée près de Civaux, Clovis aurait fait bâtir un oratoire dans lequel il installa des clercs. Cette tradition pourrait expliquer la date de 501 gravée sur le tympan du portail de la façade principale. L'oratoire devint abbaye, détruite en 866 et restaurée en 987 par Boson, comte de la Marche, qui y institua des chanoines réguliers. La tradition rapporte que l'église actuelle aurait été bâtie par le second abbé, Drutus Mortemard, qui fit un voyage en Terre sainte. De plan en croix latine, l'édifice possède un transept de même largeur que la nef, suivi d'un choeur fermé à l'extrémité par une colonnade circulaire autour de laquelle pourtournent les collatéraux et rayonnent trois chapelles saillantes et circulaires. A droite et à gauche des bas-côtés du choeur se trouvent deux autres chapelles semblables, ouvrant sur le transept. A la croisée du transept, la jonction des quatre voûtes de la nef, des croisillons et du choeur est formée par quatre pendentifs qui supportent un dôme octogonal, au-dessus duquel s'élève le clocher avec sa flèche. Au droit de la première arcade de la nef, une autre coupole soutient le clocher sur la façade principale. Indépendamment des deux clochers de la façade et de la nef, quatre autres petits clochetons surmontent les quatre escaliers qui conduisent au-dessus des voûtes. Au-dessus de la chapelle de l'abside a été élevée une tour fortifiée qui pourrait avoir été construite au milieu du 15e siècle. A l'intérieur, tous les chapiteaux sont historiés. Sous le choeur se trouve une crypte dont l'accès se fait par deux escaliers situés à droite et à gauche dans le transept. Les voûtes y gardaient encore quelques traces de peinture au 19e siècle.

Hospice Notre-Dame-de-la-Consolation fondé par Félicie-Madeleine Chesne, veuve Robert, sur sa propriété de Grandchamp, pour y héberger des vieillards, et qu'elle a dédié à la mémoire de son époux et de sa belle-soeur, tous deux décédés en 1878. Il a été construit entre 1880 et 1885 sur les plans d'un architecte parisien mal identifié, A. Bonnet. Ensemble composé d'une grande chapelle centrale à haute flèche de pierre, flanquée de deux pavillons symétriques de deux niveaux et cinq travées, prévus, au nord pour les femmes, au sud pour les hommes. La chapelle est à plan en croix latine avec chevet à trois pans et arcs-boutants, en néo-gothique stylisé. L'intérieur est voûté d'ogives en calcaire sur piliers à chapiteaux sculptés de crochets en série. Ensemble de vitraux, daté de 1885, représentant les personnages de la Sainte Famille, les saints patrons des dédicataires, des saints locaux et deux scènes de la vie du Christ (naissance et passion). Signature sous forme de monogramme L.C. ou G. (Luc Gesta ?). Quelques éléments de mobilier d'origine sont conservés (bénitier, confessionnal, autel, reliquaire). La flèche de la chapelle a été complétée par Jules Tixier, à la suite d'un désaccord entre le premier maître d'oeuvre et l'entrepreneur. Les deux pavillons sont caractérisés par leurs façades simplement crépies animées par des bandeaux de séparation de niveaux et l'encadrement en pierre des baies, les gables a découpe trilobée et petit jour tréflé au dessus des fenêtres de l'étage, et des pinacles d'angles. L'intérieur, en partie modifié dans ses divisions pour permettre l'habitation, est connu par un plan : couloir en T au rez-de-chaussée, desservant pièces de service et un dortoir ; sans doute chambres à l'étage, desservies par un couloir central. Les Robert étaient une famille de notables connue au Dorat depuis la fin du 16e siècle. On doit à Pierre Robert, lieutenant général de la sénéchaussée de Basse-Marche dans la première moitié du 17e siècle, de précieuses notes d'histoire du Limousin et de la Marche.

Maison de plan rectangulaire, construite en moellons recouverts d'enduit. Le soubassement, l'entourage des baies et le chaînage nord-ouest sont en pierres de taille. Le bâtiment est composé d'un rez-de-chaussée et d'un étage sous comble. A l'angle nord-ouest s'élève une tourelle en échauguette, construite en briques et coiffée d'un toit en forme de bulbe polygonal couvert en bardeaux de châtaignier. Sa base de pierre est ornée d'un culot mouluré à courbes et contre-courbes. Les baies semblent avoir été modifiées au début du 18e siècle. Le portail sculpté de la façade ouest se compose de deux pilastres sans dosseret, avec une base moulurée reposant sur une plinthe rectangulaire. Ces pilastres sont couronnés par des chapiteaux ioniques surmontés de socles galbés sur lesquels reposent des pots à feu avec draperies retombantes. A l'intérieur, escalier en bois à balustres sculptés.

Les fortifications en bois de la ville groupée autour de l'abbaye ayant été démolies, elle furent remplacées au 15e siècle par un système complet de fortifications en pierre. Celles-ci furent édifiées en 1425 sous la direction de Guillaume de l'Hermite, abbé du Dorat. Elles comprenaient de hautes murailles flanquées de vingt tours. Quatre portes s'ouvraient dans ces murs, dont deux à pont-levis (portes du Château et Bouvière) et deux sans pont-levis (portes Saint-Louis et Bergère). De cet ensemble ne subsiste aujourd'hui que quelques portions de murs, à l'ouest et au sud de la ville, ainsi que la porte Bergère. La porte est en arc légèrement brisé. Une herse en assurait la clôture. La défense de l'ouverture était assurée par une rangée de mâchicoulis situés au-dessus de l'arc, du côté extérieur. De part et d'autre du passage, une grosse tour commandait l'entrée. Ces tours ont perdu leur système de défense supérieur, et sont arasées à des hauteurs différentes. La plupart des portes de ville construites à cette époque devaient ressembler à la porte Bergère, mais cette dernière est la seule subsistant dans le département.