Saint-Hippolyte (15400)

Le culte marial de la Font-Sainte est célébré depuis plusieurs siècles. La montagne de la Font-Sainte est mentionnée dès le début du XVIe siècle (« Montana de la Fon-Sainte », 1505, terrier d'Apchon). Vers 1740, l'apparition miraculeuse de la Vierge à une jeune femme, Marie Galvain, est à l'origine de la construction d'un édicule englobant la source et l'oratoire. Le linteau de la porte de l'oratoire porte d'ailleurs la mention de l'année 1744. En 1834, le conseil municipal de la commune de Selins et de Saint-Hippolyte décide la reconstruction de la chapelle, afin de répondre à la grande affluence des pèlerins des communes avoisinantes. L'actuelle chapelle est construite à partir de 1835, probablement à l'emplacement d'une chapelle plus ancienne. Les cartes postales anciennes du début du XXe siècle témoignent de la popularité de ce lieu de pèlerinage. Outre le pèlerinage, le site remplit la fonction de chapelle de secours, ou de chapelle de transhumance pour les bergers et les vachers. Actuellement, La Font-Sainte fait toujours l'objet d'un pèlerinage marial actif. Chaque année, la statue de la Vierge de la Font Sainte est portée en procession depuis l'église de Saint-Hippolyte pour rester dans la chapelle de juin à septembre. Elle regagne ensuite l'église paroissiale pour l'hiver.

Le sanctuaire marial de la Font-Sainte s'inscrit dans le paysage des montagnes cantaliennes. Il est situé à 1230 mètres d'altitude au milieu des estives, à l'ouest de la petite commune de Saint-Hippolyte. Il est bordé à l'ouest par la commune de Collandres, d'Apchon au nord et de Cheylade au sud et à l'est. Il comporte une chapelle et un oratoire en pierre. La chapelle n'est pas orientée et suit un plan en croix latine, selon un axe nord-sud. On accède à la chapelle par une porte située sur la façade nord. La clef de voûte porte la date de 1837, date de la consécration de la chapelle. La nef est percée de part et d'autre par trois baies. Elle est construite en petits moellons de pierre volcanique, non réguliers, et couverte par une toiture à deux pans en ardoise. Le transept, les absidioles et le chœur sont construits dans un appareil régulier fait de pierres de tuf. Chaque bras du transept ouvre sur une absidiole. Le chœur s'achève en une abside voutée en cul-de-four. La croisée du transept est surmontée d'une coupole, couverte en zinc. Au niveau de la disposition intérieure, la nef est voûtée en berceau surbaissé en lambris de pin. Cette voûte lambrissée remplace le plafond peint réalisé en 1854. Le pavement de la nef présente un sol carrelé de couleur brique. Le sol du transept est cimenté et orné d'inscriptions (« Notre-Dame-de-la-Font-Sainte priez pour nous »). Le sol des absidioles du transept et d'une partie du chœur est dallé de carreaux de ciment. La chapelle abrite également un tableau peint daté de 1929, signé Emile Rollier, figurant la procession de la Vierge de la Font-Sainte. Situé en contrebas de la chapelle, l'oratoire, construit en 1744, prend la forme d'un petit buron de plan carré, aux murs épais, couvert de lauzes. Il offre une seule ouverture, une porte en bois surmontée d'un arc en plein cintre, qui porte la date de construction de l'édicule. Sur le flanc ouest de l'édicule se trouve la fontaine de la Font-Sainte. L'eau jaillit dans un bassin en pierre. Cet espace est délimité et entouré de gros blocs de basalte.

Le territoire faisait partie des domaines des seigneurs d'Apchon. C'est vraisemblablement sous l'impulsion et avec les subsides de ces seigneurs, qui prirent part aux premières croisades, que l'église fut construite. L'édifice servit de sépulture aux principaux membres de cette famille. La majeure partie de l'église remonte au 11e siècle, ce que confirment les sculptures du choeur (chapiteaux, corbeaux de la corniche). Les voûtes sur croisées d'ogives, avec liernes et tiercerons, durent être refaites au 15e siècle. Le plan en croix latine avec abside semi-circulaire fut également modifié au 15e siècle. L'abside en hémicycle est couverte en cul-de-four. L'arc légèrement brisé est soutenu par deux colonnes engagées d'époque romane. Trois travées forment la nef, avec deux chapelles de chaque côté, tandis que la première travée d'entrée correspond au porche. Toute cette partie est caractéristique de la fin du 15e siècle. Les voûtes avec liernes comportent des clés ornées de personnages sculptés. Le porche voûté en berceau abrite une porte formée de trois rangs de moulures du 15e siècle, surmontée de l'écusson des sires d'Apchon (semis de fleurs de lys). L'église contient une balustrade de tribune d'un travail de sculpture sur bois du 15e siècle. Peintures intérieures du 19e siècle.