Annecy (74000)

Lors de sa construction, l'ensemble des Marquisats a succédé à une implantation résidentielle datant de plusieurs siècles. Après l'occupation des lieux par la milice entre 1943 et 1944, la propriété est réquisitionnée à la Libération pour y installer le Centre populaire des marquisats, voué à la formation et de la culture. En 1962, la propriété, avec sa demeure bourgeoise et ses 12 ha de terrain, est définitivement acquise par la Ville pour installer sa MJC. Il est rapidement décidé de remplacer les bâtiments par une construction plus grande et plus moderne. La conception architecturale en est confiée à André Wogenscky (1916-2004), disciple du Corbusier, qui apporte les principes de l'architecture corbuséenne, avec comme thème central la promenade architecturale. Pour des raisons financières, ces bâtiments sont construits en deux tranches. La première tranche (1963-1966/1968) concerne la partie supérieure des bâtiments de la nouvelle MJC : un long volume horizontal qui fédère les équipements de la MJC, sur lequel sont greffées deux tours qui réunissent les logements du centre international de séjour. Parallèlement est construit le Centre Colbert (aujourd'hui Résidence Wogenscky), un peu à l'écart, servant d'hébergement aux sportifs du stade nautique. La deuxième tranche débute en 1968 et est confiée par Wogenscky à Louis Miquel (1913-1987), également élève du Corbusier. Il propose un bâtiment qui inclut la salle de spectacle, la grande salle de gymnase, et diverses salles polyvalentes, autour d'un hall et surtout un jeu de rampes permettant de relier les étages au lieu de les séparer par des escaliers. L'ensemble est inauguré en 1974. Les bâtiments ont connu des transformations suite notamment à des modifications d'affectation : en 1995, la MJC quitte les locaux pour laisser la place à l'Ecole supérieure d'arts d'Annecy ; ainsi le niveau inférieur de la tranche deux a été modifié en créant des ateliers entre les pilotis. En 1998, une salle de spectacles principalement dédiée aux musiques actuelles, le Brise-Glace, est greffée sur le bâtiment M. Aujourd'hui, les bâtiments sont labellisés architecture contemporaine remarquable. Ils sont partagés, d'une part, entre l'ancien siège de la fédération française de ski (Résidence Wogenscky) dont la gestion va être reprise par Haute-Savoie Habitat ; et d'autre part, les bâtiments W (tranche 1) et M (tranche 2) de l'ancienne MJC où sont logés les espaces de l'ESAA (propriétaire le grand Annecy), d'IDEIS (Haute Savoie habitats), du gymnase et du Brise-Glace (gestion par la ville d'Annecy). Les normes d'accessibilité, de sécurité, de respect de la transition écologique impliquant des travaux autant que le souci de préserver et retrouver la fluidité du parcours d'origine et ses caractéristiques essentielles, un projet de réhabilitation a été confié à l'agence VURPAS (architectes du patrimoine).

Le site des Marquisats est situé sur la rive ouest du lac, en périphérie de la ville d'Annecy, et en bordure de la rue des Marquisats, face au complexe de la base nautique ; il est adossé à un site boisé. Il se trouve en SPR. Les bâtiments conçus par Wogenscky et Miquel forment deux blocs distinctifs : le bloc formé par le bâtiment W avec les tours des logements gérés actuellement par Haute Savoie Habitat / IDEIS, et le bâtiment M avec le Brise-Glace, situés sur la partie sud et à proximité immédiate de la rue de Marquisats ; et la Résidence Wogenscky plus au nord, en hauteur et à l'écart de la rue, et qui reprend le vocabulaire architectural de la tranche 1. Le site est entouré d'un jardin paysager planté de quelques beaux spécimens d'arbres. Les bâtiments W et M forment l'ensemble le plus abouti au point de vue architectural. En dépit de l'ajout du Brise-Glace, il y a un quart de siècle, ils ont conservé la majeure partie des caractéristiques voulues par leurs concepteurs, privilégiant l'approche de la promenade architecturale dans la lignée corbuséenne permettant une grande fluidité du parcours et une remarquable continuité spatiale tout en faisant corps avec le paysage en s'adaptant à la topographie des lieux. Formés de blocs architecturaux emboîtés en béton brut, les bâtiments sont étagés sur la pente sans pour autant donner d'impression de rupture, mais offrent au contraire une harmonieuse fluidité entre le bloc du bâtiment M et celui du bâtiment W. A partir de ce schéma se développent transparences, évidements, retraits, filtres, loggias, obliques et formes ovoïdes qui suggèrent en façade la rigueur plastique et la richesse des espaces intérieurs. Les cheminements, à l'intérieur des bâtiments sont très soignés et ménagent des points de vue inattendus. Malgré le dénivelé, l'impression d'horizontalité est préservée grâce à un savant jeu de lignes droites. La rampe extérieure en béton, les puissants piliers, et la trame des loggias encore existantes des résidences dessinent une architecture à la géométrie tranchée que de discrètes courbes viennent ponctuellement adoucir. La résidence Wogensky, constituée d'un bloc horizontal (accueil) et d'un bloc vertical (anciens logements), et reprenant ainsi de très près le vocabulaire de la tranche 1, conserve encore les loggias de ses fenêtres qui font face au lac. Une réhabilitation récente a apporté quelques couleurs graphiques dans le traitement des baies rappelant le style de Piet Mondrian. Les intérieurs sont fortement altérés en raison des fréquentes mutations d'usage de l'édifice

Les haras, ou dépôts d'étalons, ont été construits de 1880 à 1885. D'architecture classique et fonctionnelle, il conserve au sein d'un parc arboré et clos, tous les bâtiments d'origine nécessaires à son activité : autour d'une carrière, disposé en U, bâtiment d'honneur, logement, écuries, forge, manège, local vétérinaire, station de monte...

"Le monument aux morts d'Annecy est dû au sculpteur Philippe Besnard, dont le groupe a été fondu en bronze par Rudier, et à l'architecte municipal Decoux, auteur du socle. Il a été inauguré en 1926 avenue d'Albigny lors de la foire-exposition d'Annecy. Il est déplacé en 1977 à l'entrée de la promenade du Pâquier, place du Souvenir. Besnard est le fils du peintre Albert Besnard et son choix témoigne des relations que des artistes installés à Paris pouvaient tisser avec un lieu de villégiature, comme c'est également le cas pour A. Boucher à Aix-les-Bains. L'iconographie, réunissant la Paix et la Victoire, est imposée par le comité, qui va jusqu'à décrire les attributs de chacune. Besnard réalise un groupe délicat, dont le caractère juvénile de la Paix est frappant. Comme le souligne Ph. Peyre, il est rare qu'une Victoire soit figurée ainsi casquée. La présence d'un arbre poussant sur les ruines est signe d'espoir. Le socle est entouré des écussons en mosaïque des chefs-lieux du département."

Après la remise du duché de Savoie à la France en 1860 et la création des deux départements, il fallut trouver un hébergement au préfet du chef-lieu de Haute-Savoie à Annecy. Les bâtiments à disposition ne convenant pas (alors qu'à Chambéry la préfecture de Savoie avait pu se loger dans l'ancien château des ducs de Savoie), on décida d'en construire un nouveau au bord du lac, sur un terrain d'environ deux hectares situé le long de l'avenue d'Albigny (déjà tracée en 1822, avec des platanes plantés dès 1808). Le département de Haute-Savoie fut créé en même temps que la préfecture et ordonna la construction du bâtiment : celui-ci fut édifié à partir de 1862 sous la conduite de l'architecte lyonnais Etienne Charvet, et accueillit en 1866, lors de la clôture du chantier, le préfet Joseph Ferrand (préfet de 1861 à 1866). Depuis cette date, le préfet et le président du conseil départemental se partagent l'édifice qui reste la propriété du département, la préfecture étant affectataire des locaux qui lui sont réservés. Le bâtiment, construit en style Louis XIII, est agrémenté d'un parc arboré de 1,7 ha, également conçu par Charvet.

Le bâtiment est traité comme un hôtel particulier, dans le style Louis XIII, avec des éléments typiques du style « à la française » : portail de ferronnerie soigneusement ouvragée, cour d'honneur avec pavillon central, corps central flanqué de deux ailes latérales, toits à combles brisés, façade arrière sur le parc, large hall d'entrée. Chaque façade est traitée de manière certes symétrique aux autres, mais à chaque fois un peu différente. On notera les différents médaillons, corniches, ouvertures. Il mesure 46 mètres de large sur 44 mètres de profondeur, avec un plan en forme de H. La construction en moellons est recouverte de chaux blanche, avec de la pierre de Seyssel aux encoignures et angles. En revanche les deux pavillons d'entrée sont construits en briques et pierre, dans la tradition typique de l'architecture Louis XIII.

Ce site fait partie des cités lacustres étudiées dans la région Rhône-Alpes contenant les vestiges de l'occupation humaine en milieu humide, de l'habitat ainsi que les pieux de soutènement des bâtiments de bois, encore visibles. Ces témoignages allant du Néolithique à l'Age de Bronze constituent l'un des grands thèmes de la préhistoire européenne. Il s'agit d'un site du Néolithique final (29ème siècle av J.C). Longtemps dissimulé par les roseaux, il est étudié seulement en 2001 par le DRASSM. Le mobilier extrait de la zone, lithique pour l'essentiel, couvre la période du Néolithique final. Cependant, certains éléments recueillis hors fouilles sont attribuables à la fin de l'Age de Bronze.