Cannes (06150)

Atteint d'une maladie respiratoire, Prosper Mérimée séjourne de plus en plus régulièrement à Cannes à partir de 1858. Sur la côte d'Azur, il reconstitue une vie active répondant à ses multiples curiosités. Il mène une vie mondaine, s'intéresse aux projets qui transforment la ville (chemin de fer, canal de la Siagne, etc.) et arpente les environs à la découverte du patrimoine. Ses excursions révèlent un homme sensible à la flore, à la faune et au paysage méditerranéen. Il ne rompt jamais cependant le lien avec Paris où il retourne une dernière fois en 1870 pour essayer de peser politiquement sur le destin de l'Impératrice alors que le Second Empire chute. C'est à son retour à Cannes qu'il décède le 23 septembre 1870 et se fait enterrer au cimetière du Grand jas, dans le carré protestant. Construit peu avant la mort de Mérimée, le cimetière du Grand Jas ouvre ses portes en 1866. Il compte au nombre des aménagements publics réalisés sous le Second Empire, conséquence du succès de la villégiature cannoise initiée par l'arrivée de Lord Brougham en 1834. Réalisée en marbre, la sépulture de Mérimée est sobre. La concession est achetée par sa dame de compagnie, Frances Lagden, en 1871. Ce n'est qu'en 1932 qu'un médaillon en bronze, réalisé d'après le plâtre d'Alexander Munro (1868), est apposé sur la pierre tombale.

Fils de la reine Victoria, le duc d'Albany qui, dès sa jeunesse, prend l'habitude de séjourner à Cannes y décède suite à un accident en 1884. Sur l'initiative du prince de Galles, Saint George's church est édifiée en 1887 dans le quartier de la Californie par l'architecte londonien Arthur William Blomfield, assisté sur le terrain du maître d'œuvre George Russel. Il s'agit donc d'un programme de prestige qui va à la fois honorer la mémoire du prince défunt et à la fois mettre en avant le savoir-faire anglais, chaque élément (vitraux, mosaïques, ferronneries, mobilier) étant conçu outre-manche. Saint George's church est vendue au diocèse de Nice en 1970.

Le quartier de la Californie est investi en premier lieu par les hivernants russes qui sont suivis à la Belle époque par un second foyer d'implantation anglais sur les hauteurs. Alors que le bas du quartier est déjà largement investi par les villas russes, aucune église orthodoxe n'existe à proximité. Comme dans les autres colonies dépourvues de sanctuaire, le culte s'organise dans des chapelles privées, en l'occurrence dans la villa Alexandra, propriété des Tripet-Skrypitzine. Pour remédier à ce manque, l'archiprêtre Ostrooumoff et le grand-duc Michel de Russie obtiennent d'Alexandra Tripet-Skrypitzine la cession d'une parcelle de terrain. Grâce à une souscription organisée au sein de la communauté russe, la construction d'une église, dont les plans sont confiés à l'architecte Louis Nouveau, est réalisée en 1894. Le clocher-porche est ajouté en 1896 tandis que le presbytère vient compléter l'ensemble en 1897. Plusieurs acquisitions réalisées au début du XXe siècle constituent l'emprise foncière actuelle. Pour la communauté russe, l'église devient un lieu de sociabilité incontournable a fortiori lorsque la villégiature se transforme en lieu d'exil après 1917. Elle est tantôt le théâtre de divergences avec les différentes sensibilités religieuses qui s'expriment (à l'origine de l'église Saint-Tikhon), tantôt le lieu de rassemblement lors de cérémonies (notamment l'inhumation de personnalités russes comme les grand-duc Nicolas Nikolaïevitch et Pierre Nikolaïevitch ou encore la résistante Hélène Vagliano). Elle se dote d'une vocation culturelle notamment avec la constitution d'une chorale qui gagne un rayonnement régional. Le clergé orthodoxe de Cannes joue un rôle important qui dépasse la seule ville de Cannes (administration de la paroisse orthodoxe de Thorenc, participation aux cérémonies de la paroisse de Contrexéville, etc.) et lui vaut d'être élevée au rang d'évêché en 1939 (titre conservé jusqu'en 2014).

Hôtel-palace construit pour Henri Ruhl par les architectes Charles Dalmas, de Nice, et Marcellin Mayère, de Cannes. Comptant 355 chambres ou appartements, il est édifié de 1909 à 1910 et de 1912 à 1913. La façade est revêtue d'un enduit bicolore en fausse pierre, avec un décor moulé en ciment. L'hôtel est partiellement transformé en hôpital durant la Première Guerre mondiale, mais continue à servir d'hôtel durant la Deuxième Guerre. Il est lié au monde du cinéma depuis la création du Festival de Cannes en 1946.

Le premier hôtel est construit par le promoteur sir Thomas-Robinson Woolfield de 1852 à 1856. En 1860, le duc de Vallombrosa y ajoute une chapelle et crée un jardin paysager. L'hôtelier allemand Ellmer l'achète en 1893 et le transforme en Hôtel du parc qui fonctionne de 1893 à 1934. Finalement, l'hôtel est divisé en appartements.

Villa inspirée des villas italiennes de la Renaissance construite à partir de 1926 pour Jean-Gabriel Domergue, peintre académicien, conservateur du musée Marmottan à Paris. Le jardin, aménagé entre 1926 et 1936, comporte une cascade à l'italienne inspirée de celle de la villa d'Este. A la mort de Domergue, un musée a été installé par la veuve de l'artiste de 1962 à 1973. Le lieu sert aujourd'hui pour les réceptions de la municipalité.

Villa construite en 1928 par l'architecte Georges-Henri Pingusson pour une riche mécène du monde du théâtre, Madame Gompel. Située à cinquante mètres de la plage de Cannes-La Bocca, c'est une oeuvre du début de la carrière de Pingusson, réalisée en collaboration avec l'architecte Paul Furiet. Des éléments régionalistes, telle que la couverture en tuile ronde, sont combinés avec des éléments modernes telles que les porte-à-faux et les ouvertures en hublot.

Le statuaire Albert Cheuret fut chargé de traduire dans la pierre l'hommage rendu aux combattants. Inauguré le 11 novembre 1927, le monument est composé d'un haut piédestal de forme octogonale en pierre dure, sur lequel se dresse un groupe en bronze constitué de quatre soldats, un aviateur, deux fantassins et un marin brandissant triomphalement sur un bouclier une figure allégorique de la Victoire. Cette représentation est fréquente sur les monuments publics depuis la fin du 19ème siècle. Cependant, une touche d'originalité est apportée dans la façon de retranscrire les noms des morts pour la France, apposés en relief sur huit plaques de bronze occupant les côtés du piédestal. Au-dessus, les grandes batailles ou zones de la guerre sont mentionnées.

Ensemble de jardins créé de 1912 à 1930 à l'intérieur d'un parc paysager planté vers 1880 par Marino Vagliano et sa femme Danaé. Il s'agit d'une collection jardins juxtaposés - japonais, florentin, espagnol, provençal, hollandais, mauresque - avec un jardin d'eau et un escalier-pergola. Un immeuble d'habitation a été construit dans le parc dans les années 1960.