Caunes-Minervois (11160)

L'abbaye a été fondée vers 791. Il reste peu de chose des bâtiments monastiques antérieurs au 17e siècle : l'ancien mur de clôture septentrional dont quelques parties peuvent dater du 12e et du 13e siècles, et une tour carrée au sud de l'église, certainement antérieure à 1500. La demeure abbatiale, séparée du monastère par la place, a été reconstruite en 1600. Entre le premier et le second étage, à l'aplomb de la porte en marbre, sont encastrés dans le mur deux forts corbeaux doubles qui paraissent avoir supporté antérieurement une bretèche, pouvant avoir appartenu à la première construction. Les fenêtres chanfreinées et la porte en anse de panier dateraient de 1600. Il semble que les éléments en marbre aient été rapportés plus tard, probablement vers la seconde moitié du 17e siècle. Les lieux claustraux auraient été reconstruits vers 1660-1680. Le cloître rectangulaire compte cinq arcades sur chaque grand côté, quatre sur chaque petit côté. Les galeries sont voûtées en arêtes à raison d'une voûte par arcade. Pour parvenir à ce cloître situé au sud de l'église en partant de la place, il faut traverser une galerie voûtée. A l'est de la galerie orientale du cloître, la grande tour carrée abrite le grand escalier. C'était la tour du Trésor. Le grand escalier ne donne pas accès aux étages supérieurs. Contigus au côté sud du cloître, les bâtiments monastiques présentent une grande façade sur le boulevard extérieur. Dans l'ensemble, cette construction doit être attribuée au 18e siècle.

Ces carrières sont le témoin historique de l'exploitation des marbres du Languedoc aux 17e et 18e siècles.

Petite chapelle située hors du village, à la bifurcation de deux chemins. Son appellation devait être "chapelle de Notre-Dame de Pitié" à cause du groupe placé au-dessus de l'autel. Ces oratoires champêtres servaient à dire la messe à certains moments de l'année. Dans l'Aude, ils ne remontent pas au-delà du 14e siècle. Cette chapelle peut dater de la fin du 15e siècle. Le porche peut être moderne mais il a pu remplacer un porche plus ancien tombé en ruines. Sa couverture est en tuiles creuses alors que les voûtes de l'oratoire sont protégées par d'épaisses lauzes de grès. L'édifice se termine par une abside à cinq pans dont la voûte porte sur des nervures saillantes montées sur culs de lampes.

Au pied de la Montagne Noire, le hameau de Notre-Dame-du-Cros se situe à 1.5 km au nord-est du village de Caunes-Minervois, au débouché des étroites gorges du ruisseau du Cros, à immédiate proximité d'une carrière de marbre encore en activité. Plusieurs légendes sont attachées à l'établissement d'un lieu de dévotion autour d'une source miraculeuse qui soigne les fièvres. La pérennité du culte à Notre-Dame-du-Cros est attestée, avec de très nombreuses processions et la présence d'un ermitage. La première mention textuelle d'une église date de 1119 dans une bulle du pape Gélase II adressée à l'abbé de Caunes : la "villa" du Cros avec son église est une possession de l'abbaye de Caunes. L'abbaye de Caunes a exercé une attraction sur plusieurs habitats groupés ou dispersés voisins. Le terroir de Caunes avec sa seigneurie ecclésiastique correspond au phénomène plus général du regroupement de l'habitat entre le XIe siècle et le XIIIe siècle : ainsi les textes gardent la trace de sept terroirs liés à des églises ou habitats pour la plupart disparus. Celui de Cros s'est perpétué sous la forme d'une chapelle liée à une dévotion particulière à la Vierge et à un pèlerinage. L'hypothèse d'un ancien enclos sacré a été formulée par D. Baudreu d'après les plans anciens : "à l'aplomb du ruisseau de Cros on observe une limite parcellaire enveloppante autour de l'église, suggérant au diamètre d'enclos de 56 m. proche des 60 m. des enclos ecclésiaux fondés lors de la Paix de Dieu à la fin du Xe siècle." Vendue comme bien national, l'église et l'ermitage sont achetés par Antoine Bouclet, frère de l'ermite puis rétrocédés en 1797 à 300 habitants de Caunes, devenus propriétaires par indivision. En 1997, les familles restantes cèdent leurs droits à l'évêché, l'association diocésaine devient propriétaire et une association "Les amis de Notre-Dame-du-Cros" est créée. En 2001, pères Passionnistes sont installés dans le presbytère entièrement refait à neuf. L'église du Cros porte l'abondance et la richesse de son décor et de son mobilier le témoignage de l'extraordinaire activité marbrière qui s'est déroulée à Caunes du XVIIe siècle au XIXe siècle.

L'église est composée d'un vaste vaisseau à 3 travées ouvrant sur un chevet plat et contrebuté par deux chapelles latérales de chaque côté. L'appareil est un moellons calcaire rectangulaires réguliers de couleur ocre, il était recouvert d'un enduit entièrement enlevé. Un porche d'entrée au sud, voute d'ogives, abrite un portail classique à pilastres, entablement et fronton brisé. Sous ce porche se trouve une niche gothique avec une Vierge à l'Enfant polychrome du XIVe siècle. Un autre porche sur le mur ouest permet d'accéder à la nef par huit marches. La nef est voûtée d'ogives en plâtre. Les chapelles latérales sont voûtées d'ogives en pierre. Le choeur droit est orné de trois retables de marbre rose de Caunes et de pierre blanche de Ventenac. Dans la nef les deux premières , les, plus anciennes (fin XVIIe siècle) sont de même facture, elles sont consacrées à la Passion du Christ et ornées de très grandes statues des personnages de la mise au tombeau. Une balustrade de marbre identique à celle du choeur donne une unité à cet ensemble, auquel ont été rajoutées au XIXe siècle deux chapelles dédiées à Sainte-Germaine et à Saint-Joseph. Des actes notariés nous renseignent sur les embellissements de l'église : -1660 : porte d'entrée sculptée par Jean Baux -1681-1687 : retable du maître-autel -1687 : les deux retables latéraux par la veuve de Jean Baux - la table de communion est réalisée par Antoine Chalmeau, marbrier de Caunes, qui a travaillé à l'église de La Daurade et à l'église Saint-Etienne à Toulouse - en 1690 et 1693, les retables des deux chapelles, commandés par Gabriel d'Alibert, seigneur de Villemoustaussou, sont réalisés par Jacques Séguier et Antoine Galinier. - 1706 : Antoine Galinier crée la chaire à prêcher - 1748-1775 : construction du maître-autel par Etienne Cauquil. - fin XVIIIè siècle : réfection de la voûte du choeur - 1858-1867 : ajout de la chapelle Sainte-Germaine (au sud) à l'emplacement de l'ancienne sacristie - 1867 : ajout de la chapelle de Saint-Joseph, à l'emplacement de la chaire qui fut installée sur le pilier de la nef, entre les deux chapelles - 1898 : des travaux sont réalisés à la toiture du choeur sur les plan de l'architecte diocésain Saulnier, avec une surélévation du mur d'un mètre pour pouvoir placer les tuiles canal ( 3 clés de voûtes du XIIIe-XIVe siècle déposées sont conservées) -1895-1901 : un Rosaire est installé sur une parcelle voisine, avec quinze chapelles célébrant les mystères joyeux, glorieux et douloureux de la Vie du Christ. - 1900 : la toiture des trois travées de la net est refaite - 1913 : la façade ouest est dégagée avec la démolition de plusieurs pièces de l'ermitage, qui est reconstruit plus au nord (1922-1929)

Grand obélisque de marbre griotte, de sept mètres environ de hauteur, posé sur un stylobate carré, revêtu de plaques de marbre blanc, veiné de gris et de rouge. L'eau jaillit de quatre têtes de marbre blanc, couronnées de pampres de vigne. Chaque face porte une inscription en capitale, gravée en creux.

D'après les plans féodaux de la directe de l'abbaye, cet immeuble a appartenu, à partir de 1662, à la famille Tapié qui a eu plusieurs notables. La maison comportait l'habitation, l'étable, l'écurie, le jardin et un patu. En haut du pilastre d'angle se détache du mur un cartouche en relief, aux bords contournés et enroulés en volutes. Ce cartouche était probablement armorié. Au premier étage, la fenêtre d'angle s'ouvrait sur chaque façade par une baie à meneau horizontal. Seul le meneau de gauche subsiste. La pierre d'appui est moulurée : cavet, gorge, filet, larmier, listel, filet, boudin. La corniche, très saillante, comprend un larmier et une doucine. Les montants verticaux comportent une mouluration saillante, avec doucine, et deux plates-bandes. Les bases sont ornées de feuillages, dont certains contournés comme à l'époque flamboyante.

La première mention de l'édifice date de 1662. L'immeuble comprend deux parties bien distinctes, séparées par un passage intérieur et une tourelle d'escalier en vis. La partie gothique comprend la tourelle d'escalier, simple tour ronde non appareillée ; un arc-boutant supportant un passage intérieur ; l'immeuble gauche. Sur la rue, au premier étage, s'ouvre une fenêtre à meneaux croisés. La partie Renaissance présente des baies à meneau horizontal avec encadrement orné de pilastres nus. Frise nue. L'entrée comprend une porte piétonne et une large baie de boutique, le tout réuni dans un même ensemble architectural.

Autrefois, les deux cours étaient réunies. Il semble que les constructions soient le résultat d'un agrandissement provenant d'une acquisition ultérieure. On peut les dater approximativement de la fin du 15e siècle pour la partie la plus ancienne et du milieu du 16e siècle pour la partie Renaissance. Il est probable que la date de 1560 visible sur une console du puits, indique la fin des travaux d'appropriation des parties achetées successivement par la famille d'Alibert. La galerie du 16e siècle est certainement une adjonction destinée à faire communiquer la partie la plus ancienne de l'hôtel avec le bâtiment du fond de l'autre côté de la cour. Aussitôt l'acquisition réalisée, un d'Alibert construit dans la cour et transforme la partie sur rue. Ceci expliquerait les différences dans les deux galeries : la plus ancienne avec sa décoration de médaillons meublés de bustes à forte saillie rappelle l'époque de François Ier et pourrait être l'oeuvre d'un artiste toulousain ; la moins ancienne avec ses colonnes doriques à fûts renflés a le style de la période Henri II.

A l'origine, l'immeuble formait un seul bloc, comme l'indique la continuité du bandeau d'étage. Dès 1662, il est morcelé en deux lots appartenant à des propriétaires différents. La façade sur rue Mont-Gaillard se divise en deux parties qui, appartenant depuis longtemps à des propriétaires distincts, ont été diversement remaniées.