Saint-Gervais-les-Bains (74170)

Lors de la réunion du Faucigny à la Savoie par le traité de 1355, le centre administratif de la châtellenie de Montjoie se déplace à Saint-Gervais (l'ancien château des comtes de Faucigny se trouvait en effet à l'emplacement de l'actuelle église des Contamines-Montjoie). On y construit un château ou maison-forte qu'on appellera le château de la Comtesse (sans doute en référence à Bonne de Berry, épouse du comte de Savoie Amédée VII 1360-1391). Au XVIe siècle, cette demeure est acquise, en même temps que les droits féodaux afférents, par la famille Dufresney, notables locaux qui ont acquis des charges importantes dans la châtellenie et ainsi que diverses terres nobles. Ils agrandissent alors la maison forte par une extension sur son côté est. La maison est achetée en 1740 par la famille Octenier, des notaires. Ils réaménagent les intérieurs. Au XIXe siècle, ils font construire des écuries surmontées d'une grange, accolées à la maison sur le côté est. La maison forte est toujours la propriété des descendants des Octenier, à présent en indivision.

L'édifice est orienté ouest-est et est construit en pierre, et recouvert de tôle. Il semble être composé de deux parties : la partie la plus ancienne, datant du XIVe siècle, et orientée vers l'ouest ; et l'extension vraisemblablement construite au XVIe siècle, orientée vers l'est. A cet ensemble s'ajoutent les écuries avec la grange. La partie la plus ancienne comportait à l'origine quatre pièces (salle des gardes, salle pour les archives, grande salle de cour et chambre pour le seigneur). Trois tours ronde et une tour carrée sont accolées au bâtiment de la partie occidentale, elles portent pour certaines des meurtrières. Sur l'une d'elles, construite sur la façade sud se trouve une porte d'entrée que surmonte le blason de la famille Dufresney portant la date de 1578 ; la tour porte aussi un cadran solaire. L'extension est, qui communique par ailleurs avec la partie ouest au moyen de portes de communication intérieures, ne s'aligne pas parfaitement sur la partie ouest. On notera les fenêtres à meneaux de l'étage du bâtiment qui datent également du XVIe siècle. A l'intérieur, on retrouve de nombreux aménagements effectués au XVIIIe siècle : cheminées de marbres avec trumeaux de faux marbre de belle facture, boiseries, dessus de porte en toile peinte, plafonds à la française (dont la datation est incertaine, éventuellement antérieure à l'arrivée de la famille Octenier). Les fenêtres du rez-de-chaussée ont été percées au XIXe siècle, et de nombreux espaces ont été remodelés, puis modernisés au XXe siècle.

Clocher : 12e siècle ; Eglise : 4e quart 17e siècle

L'édifice actuel a succédé à une église plus ancienne. Sa construction a été entreprise de 1725 à 1729, dans le cadre du mouvement de reconstruction religieuse issu de la Réforme catholique. Le clocher, coiffé d'un lanternon et d'un bulbe, est daté de 1698. L'église, construite en matériaux du pays, est de plan cruciforme avec un transept saillant, un chevet droit, une nef de deux travées inégales, sans bas-côtés, un choeur de deux travées, le tout couvert de voûtes d'arêtes et d'une coupole octogonale sur la croisée du transept. Le porche s'ouvre au-dessous d'un arc en plein cintre, flanqué de colonnes coiffées de chapiteaux. Une serlienne le surmonte. Le sommet de la façade est traversé par un entablement en stuc qui développe une frise décorée. A l'intérieur, l'église est décorée de peintures réalisées vers 1751 puis 1856.

Le plus ancien établissement hôtelier de Saint-Gervais illustre l'importance des découvertes de l'alpinisme et du thermalisme dans les Alpes au cours du 19e siècle. Il est marqué par trois styles d'architecture très distincts : néo-classicisme d'influence sarde pour la partie sud, la plus ancienne (première moitié 19e siècle) ; néo-industriel au style éclectique pour la partie centrale à ossature métallique (construite à la fin du 19e siècle par l'architecte Longerey) ; modernisme, Art Nouveau pour la partie nord construite en 1911 par l'architecte Augustiniak. L'hôtel a été transformé en résidence en 1947.