Bournazel (12390)

Le château, anciennement propriété d'un établissement public et transformé en maison de repos pour ouvriers mineurs, a été racheté par des particuliers en 2007. En 1545, l'édifice actuel est bâti à la place de l'ancien manoir féodal qui tombait en ruine. Il est resté inachevé. Son plan se compose de deux ailes assemblées d'équerre. Quatre tours devaient flanquer les angles extérieurs ; deux seules subsistent. Les façades présentent la superposition des ordres dorique et ionique. Celle du midi est divisée en cinq travées comprenant une baie entre deux pilastres surmontés d'un fronton et d'une figure. Le grand escalier formant retour à l'extrémité sud de l'aile Est, conduit à de vastes sous-sols voûtés. L'aile nord était affectée aux appartements d'habitation, tandis que l'aile orientale renfermait les grandes salles de réception. Non loin de la tour d'angle se trouvait le cabinet de travail du seigneur, communiquant avec la grande salle des Hommages. Le seigneur pouvait se rendre dans ses appartements en passant par la galerie extérieure. A la Révolution, le château fut pillé et incendié par les villageois.

L'église paroissiale Saint-Sébastien a été reconstruite entre 1740 et 1749 - date portée sur le porche d'entrée avec le nom du maçon M. CADRIEV - à l'emplacement d'une église plus ancienne. La première mention d'une église sur ce site remonte à 819 lors de sa donation à l'abbaye de Conques. Le bâtiment est reconstruit à la fin du XVe siècle. Une sentence de 1418 réglemente les droits des consuls et de la communauté vis-à-vis des seigneurs de Bournazel : les habitants doivent obtenir l'accord du seigneur pour construire l'église ; le seigneur et ses descendants pourront pénétrer à leur guise dans l'édifice depuis le château par un accès privé. La visite pastorale de l'évêque Jean-d'Ize de Saléon du 31 juillet 1739 constate que le sanctuaire menace une prompte ruine étant crevassé de toutes parts de même que la sacristie. Les quatre chapelles - côté sud, celle du seigneur de Bournazel et celle du Rosaire, côté nord celles de Saint-Jean et de Saint-Michel - sont dépourvues d'or. En 1740, la décision de réparer l'église est finalement prise par crainte de l'effondrement du clocher. Les frais de construction du chœur, du clocher et de la sacristie devaient être à la charge du prieur et ceux de la nef aux villageois. L'état alarmant de la nef et de la sacristie contraint la communauté à entreprendre une reconstruire complète de l'édifice. Ramond, parfois orthographié Romond, ingénieur des ponts et chaussées de la généralité de Montauban, dresse les plans et les devis pour le nouveau bâtiment. Un différend éclate entre les villageois et le prieur qui refuse de payer sa part des travaux. Les consuls portent le différent devant le Sénéchal du Rouergue. Un accord est signé le 22 janvier 1746 entre le syndic Pierre Fournol et le prieur de Bournazel, chanoine de Conques, Jean-Louis Dufau. Le seigneur de Bournazel, également seigneur de l'église, conserve un accès privé depuis le château voisin ; il semble cependant qu'il n'ait pas participé financièrement à la reconstruction. En 1747, les fondations sont creusées. Peu de données sont conservées sur Ramond car il a été formé avant la création du service des Ponts et Chaussées. Dans les années 1730, des plans sont signés par un Jean Romond arpenteur pour la maîtrise des Eaux et Forêts de Paris ; il s'agit peut-être de la même personne. Il est l'auteur en 1746 du lavoir de L'Ayrolle à Millau (MHC 1931), des dessins du maître-autel de l'église Saint-Jacques à Montauban (inscrit au titre des objets), de deux projets à Montauban, du suivi de travaux d'entretien pour des rivières notamment le Lot. Il apparait dans l'état annuel des ingénieurs des Ponts et Chaussées de 1754 (le plus ancien état conservé) comme ingénieur vétéran parti à la retraite le 10 décembre 1753. La charpente du clocher a été refaite et surélevée vers 1900 par Sylvain Landrès, architecte à Rodez. Des baies en plein cintre ont été alors percées pour éclairer les chapelles latérales.

Les élévations de l'église, bâties en moellons enduits, sont d'une grande simplicité. Les chaines d'angles, les encadrements de baies et la corniche sont en pierre de taille ainsi que le porche qui est surmonté d'un petit fronton cintré. Sous le porche, le portail d'entrée est encadré de deux pilastres toscan en très léger relief et est couronné, lui aussi, d'un fronton cintré. Le chœur est surmonté d'un clocher carré abritant trois cloches. L'église se compose d'une large nef à trois travées, bordée par de chapelles latérales, trois de chaque côté. L'abside du chœur est comprise entre les deux sacristies. La nef est couverte par une voûte en berceau éclairée de baies segmentaires inscrites dans de profondes embrassures Les arcades des chapelles et les arcs-doubleaux sont en pierre de taille blanche comme les pilastres-dosserets fouillés de tables rectangulaires et la corniche. Les proportions de cette nef et des chapelles sont maîtrisées et élégantes ; le soin apporté à la stéréotomie est à noter. L'ingénieur a vraisemblablement utilisé les modèles d'architecture qui connaissent une grande diffusion au XVIIIe siècle grâce au développement de l'imprimerie. Un retable en bois, datable du XVIIIe siècle, occupe le chœur. Deux grandes statues de saint Sébastien et de saint Jacques encadrent un tableau représentant La Crucifixion, signé par le peintre Romain Laporte de St Geniez, 1880. La charpente du clocher a été refaite et surélevée vers 1900 par Sylvain Landrès, architecte à Rodez. Des baies en plein cintre ont été alors percées pour éclairer les chapelles latérales.