Chauvigny (86300)

Cet édifice, dont les parties les plus anciennes doivent remonter au 11e siècle, constitue le seul vestige d'un important château des 11e et 12e siècles. Il se présente sous la forme d'un quadrilatère de murs d'environ 20 mètres de hauteur, totalement vide et sans couverture.

L'église semble avoir été commencée à la fin du 11e siècle et terminée dans la première moitié du 12e. Elle se compose d'une nef divisée en cinq travées avec bas-côtés, d'un transept, d'un choeur avec déambulatoire sur lequel s'ouvrent trois chapelles circulaires. La nef est voûtée en berceau ogival dans les quatre premières travées à partir de l'entrée, et en plein cintre dans la cinquième. La croisée du transept est couverte par une coupole octogonale, surmontée d'un clocher carré. Le choeur est voûté en cul de four et les bas-côtés en voûte d'arête. Le déambulatoire présente un berceau annulaire plein cintre. A partir de l'entrée, le sol est sensiblement incliné vers l'abside. Les chapiteaux du choeur sont sculptés de personnages et d'animaux fantastiques.

Eglise pré-romane conservant des fresques antérieures à l'an Mil, comptant parmi les plus anciennes d'Europe. Le cimetière entourant l'édifice conserve des sarcophages mérovingiens dont les couvercles sont ornés. Dès cette époque, une église devait se dresser au centre du cimetière chrétien. Un texte du 12e siècle indique que l'église fut construite avec les vestiges d'un temple consacré aux dieux protecteurs de la navigation de la Vienne. L'appareil moyen employé au-dessus des fenêtres indique une nouvelle campagne de construction, et que le choeur fut surélevé lorsqu'il fut voûté à l'époque romane. Cet appareil roman se trouve au-dessus du niveau supérieur des peintures murales qui ornent le choeur (les colonnes ont entamé l'encadrement peint des fenêtres latérales). Ces peintures ont été découvertes sous un badigeon en 1851 et représentent le bain de l'Enfant Jésus, Maternité miraculeuse de la Vierge, la Crucifixion, Hérode accueillant les Mages, la Visitation, l'Adoration des mages... Il pourrait s'agir de peintures carolingiennes.

D'après la tradition, les chevaliers du Temple auraient eu à Chauvigny deux résidences : une dans la ville haute, dite le Manoir des Puits ; l'autre dans la ville basse, qui a conservé son appelation de "Temple". A la suppression de l'ordre, les biens furent réunis à ceux des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. L'ensemble de l'extérieur du bâtiment a été modifié. La partie inférieure semble avoir été enterrée sur un mètre et a été percée d'ouvertures modernes. La partie gauche de la façade possédait sans doute un grand fenestrage dont il ne subsiste que le départ de l'archivolte reposant sur un culot orné d'une tête. Dans la grande pièce du rez-de-chaussée a été retrouvée, sous un badigeon, une peinture qui fut détruite par la suite. Des caves voûtées avec arceaux en pierres d'appareil, existent au-dessous du bâtiment. Au sud du manoir, à l'emplacement de constructions modernes, s'élevaient les portes qui menaient aux dépendances, placées en arrière.

La gentilhommière s'élève sur la voie romaine conduisant de Poitiers à Bourges. Elle se compose essentiellement d'un grand corps de logis dont les façades donnent sur des cours fermées, cantonnées de communs sur la plupart de leurs côtés. Le bâtiment principal comprend trois niveaux : rez-de-chaussée, étage et combles. Du côté est, deux tours rondes forment les angles de la cour et contiennent, au rez-de-chaussée, une salle voûtée éclairée par des meurtrières ; à l'étage, un pigeonnier. Sur le mur nord sont placées les anciennes écuries. Au sud se trouve un puits. Sur la façade postérieure se trouve, du côté sud, une aile en retour de la même époque que le corps de logis. La partie qui le prolonge doit être une adjonction du 19e siècle. Les bâtiments qui ferment cette seconde cour sont d'anciens communs. L'intérieur, réaménagé au 18e siècle, conserve un escalier de pierre avec sa rampe en fer forgé, ainsi qu'une pièce lambrissée occupée par une cheminée Louis XVI.