Loir en Vallée (72340)

Le plan actuel de l'église résulte de plusieurs campagnes de construction et de travaux, réparties entre le 12e et le 19e siècle. À l'époque romane, probablement au 12e siècle, une première église est construite. L'abside, le chœur et une partie du mur sud témoignent de cette construction originelle. La paroisse est mentionnée pour la première fois dans les sources au 13e siècle. Entre le début du 16e siècle et 1536, l'église fait l'objet d'une importante campagne de travaux, très probablement financée par Louis de Ronsard, seigneur de la Chapelle-Gaugain à l'époque, dont les armoiries sont apposées à deux endroits de l'église1. Les travaux consistent en l'agrandissement de la nef sur son côté nord, provoquant son désaxement par rapport au chœur ; l'ajout d'une avant-nef voûtée recevant les fondations d'un nouveau clocher carré et donnant lieu à la création d'une nouvelle façade ; la création d'une chapelle seigneuriale pour la famille Ronsard, avec un accès direct percé dans le contrefort attenant ; et la réfection de la charpente apparente datée 1536 par une inscription portée sur un poinçon. Ces travaux s'accompagnent d'un programme décoratif : un nouveau portail est sculpté sur la façade occidentale, recevant des décors caractéristiques de la Première Renaissance ; le mur nord reconstruit est orné d'une porte à décor renaissant et d'une corniche avec frise sculptée ; la chapelle seigneuriale est couverte d'une voûte d'ogives ; enfin, une grande baie à remplages est percée dans le mur sud et sertie d'une verrière.

L’égise Saint-Blaise se compose d'une abside romane, d'une travée de chœur s'ouvrant au nord et au sud sur des chapelles, d'une nef désaxée par rapport au chœur, et d'une avant-nef supportant au nord, par l'intermédiaire de trois piles, un clocher carré. Au sud-est, une petite sacristie a été adossée à l'abside. Les maçonneries de l'église sont construites en moellons de silex et de calcaire, enduits à chaux et à sable. Les contreforts, les encadrements de baie et les portails sont construits en pierre de taille calcaire. Le grès roussard a été utilisé en soubassement. La toiture à forte pente est couverte d'ardoises. Le portail ouest, à l'encadrement très simple, se distingue par son couronnement très développé et élancé, sculpté d'un décor très fin en tuffeau. Les sculptures de ce portail se démarquent particulièrement par la finesse des ornements, taillés en faible saillie, et donc plutôt à la mode italienne. est surmonté d'une intéressante corniche composée d'une moulure taillée en gorge alternant avec des moulures en doucine, surmontant une frise ornée d'une guirlande végétale. Les feuillages et fruits sont variés, à la manière des frises bordant les tapisseries. On y trouve aussi un petit masque grimaçant ainsi qu'un petit chien à la gueule ouverte. Longée dès l'origine par l'axe principal de circulation du village, la façade occidentale ouvrant dans le cimetière, le mur nord est percé de deux portes d'accès. La première est une petite porte étonnamment percée dans le contrefort est pour permettre un accès direct à la chapelle seigneuriale des Ronsard. Ce passage comprend de nombreux graffitis, dont les plus anciens remontent à la fin du 18e siècle. La seconde porte, aujourd'hui murée, se trouve dans la deuxième travée, accolée au contrefort de la tour-clocher. Elle a aussi reçu un décor renaissant : les piédroits ornés de pilastres supportent un entablement couronné d'un fronton aux rampants ornés de crochets et portant un décor sculpté (blason?) aujourd'hui très abîmé. Des figures placées sur un piédestal sont sculptées en acrotère. Un pinacle a été placé au faîte du fronton

Les décors du 16e siècle, œuvres d'un artiste confirmé, sont remarquables, qu'il s'agisse de leur qualité esthétique ou de l'intérêt pour l'histoire des techniques que constituent les dessins préparatoires. Ce niveau de maîtrise du dessin et du modelé, ainsi que le raffinement des coiffures et des vêtements est rarement observé sur les peintures murales de la même époque de la région. La conservation de dessins à la mine de plomb est aussi excessivement rare. Le contexte socio-culturel dans lequel s'inscrit Lavenay entre la fin du 15e et le 16e siècle est particulièrement intéressant pour interpréter ces décors. La famille du Bellay est en effet proche des milieux aristocratiques les plus puissants et le curé de Lavenay, Jean du Saulay, évolue à Paris parmi les plus grands humanistes de son temps. La qualité des décors peints du début du 16e siècle (saint Jacques et saint Mamnès, dessin de saint Jean) pourrait être reliée à ce commanditaire, qui avait la culture, les moyens et la position nécessaires pour recruter un artiste de talent pour l'église de sa paroisse.

L'architecture de l'église de Lavenay se distingue par la conservation de décors muraux élaborés entre la fin du 15e siècle et le milieu du 16e siècle. Sur la partie orientale du mur nord, une première campagne de peintures murales est datable du dernier quart du 15e siècle. La scène représente deux saints évêques de face, la tête tournée l'un vers l'autre et se tenant sur un petit monticule. Il s'agit vraisemblablement de saint Julien, patron de l'église, et de saint Martin. Dans un second cadre rouge, situé à l'extrémité est du mur nord, deux autres personnages figurés de trois quarts, tournés l'un vers l'autre, ont été représentés (saint Côme et saint Damien). Deux grands personnages, mesurant quasiment deux fois la taille des personnages médiévaux, ont été représentés. Ils sont habillés dans le style de la Renaissance, plus particulièrement dans le style Louis XII. On distingue encore son chapeau jaune à bord relevé, ses cheveux longs et son manteau attaché au milieu de la poitrine. Il tient un bourdon de pèlerin peint en jaune et porte un sac en bandoulière, ce qui pourrait permettre de l'identifier à saint Jacques. Les traits de son visage ont presque entièrement disparu. Le personnage qui lui fait face est représenté en pied. Les traits de son visage sont encore bien visibles. Il porte un chapeau noir, une tunique jaune, des chausses gris bleutées et des chaussures noires ainsi qu'un manteau ouvert très long dont les plis retombent autour des pieds. Le personnage tient dans ses mains ses entrailles, ce qui permet de reconnaître le saint martyr Mamnès. Les dessins présents sur le mur nord sont probablement les plus anciens. Ils sont aussi les mieux réalisés, constituant sans doute des dessins préparatoires plus que des esquisses. Ils sont exécutés stratigraphiquement sur les mêmes enduits que les saints Jacques et Mamnès et dateraient donc du 1er quart du 16e siècle. Comme sur les peintures achevées, les traits sont en noir et les zones à ombrer indiquées par de fines hachures. De grande qualité artistique ils sont sans doute de la même main que celle à l'origine des représentations de saint Jacques et saint Mamnès. Ils sont l'œuvre d'un peintre confirmé, imprégné de la culture de la Renaissance.

L'église, dépendant du chapitre du Mans, a été construite au 12e siècle, agrandie vers 1525-1547 (collatéral nord) et en 1855 (collatéral sud). La voûte du choeur et de la nef date de 1877. La partie occidentale de la nef est décorée de peintures murales du 13e siècle. L'église possède un vitrail du 16e siècle, restauré au 19e siècle.