Villefranche-de-Conflent (66500)

Monuments historiques de Villefranche-de-Conflent

• Eglise Saint-Jacques

• Bâtiment communal et enfeu de l'ancien cimetière

Bâtiment communal et enfeu de l'ancien cimetière

L'ancien cimetière est délimité par l'église (façade ouest), la courtine sud des remparts, le bâtiment communal prolongé par un mur de clôture à l'ouest et, au nord, par une maison. Sur ces trois côtés, il subsiste des enfeux dont la mouluration torique à bec méplat indique le 14e siècle. L'angle sud-ouest, à la jonction des remparts et du bâtiment communal, conserve l'amorce d'un arc diagonal reposant sur un chapiteau décoré de chevrons ou de bâtons rompus, disparaissant en partie sous du mortier. C'est l'indication qu'il existait, probablement sur tout le pourtour, une galerie couverte formant cloître. Les corbeaux encore visibles, alignés le long du rempart, supportaient alors la sablière de la charpente. Le bâtiment communal borde le mur à l'ouest. Il est élevé d'un étage sur rez-de-chaussée et présente, près de l'angle du rempart, l'arc brisé d'un enfeu, mouluré d'un boudin à avant-bec méplat.

• Remparts de la ville

Remparts de la ville

Place forte barrant la route d'Espagne et défendant le Conflent, la ville fut fortifiée dès le 11e siècle pour défendre l'accès de la Cerdagne contre le Roussillon. En fondant la ville, le comte de Cerdagne Guillaume-Raymond l'entoura d'un mur flanqué de tours. La partie de cette époque qui subsiste encore, au moins pour les parties inférieures, s'étend sur tout le frond sud. Au 14e siècle, la ville joua un rôle de premier ordre dans la lutte qui opposa les royaumes d'Aragon et de Majorque. Les souverains aragonais s'attachèrent à en augmenter les fortifications. Sous le règne d'Alphonse V fut construite la tour du Diable et renouvelée une grande partie de l'enceinte (1441-1445). En 1668, après la paix d'Aix-la-Chapelle, Vauban voulut affermir cette position. Il vint plusieurs fois à Villefranche et en fit relever les fortifications. Les quatre bastions qui en flanquent les angles, les portes de la ville, le front nord au long de la Têt ainsi que les avancées, datent de cette époque. Vauban conserva en partie les tours et courtines espagnoles qu'il fit recouvrir. Il fit construire en outre le fort Libéria. Par sa position, la place de Villefranche ferme entièrement la gorge et la communication avec l'Espagne. Les fortifications forment un ensemble irrégulier. Trois portes en permettent l'accès. Une quatrième, celle des Boucheries ou de la Payrera, est établie pour la communication avec le château-fort. Les murailles sont défendues par six petits bastions. La place n'est entourée de fossés que dans sa partie sud. Deux rangs de mousquetterie défendaient les fortifications. Le premier est couvert d'une toiture en ardoises qui ne laissait apercevoir que la tête du soldat ; le second est établi au-dessus du premier, dans une galerie voûtée et crénelée. Les fortifications de Vauban comprenaient deux issues : la porte de France et celle d'Espagne, situées aux deux extrémités opposées. Le front ouest comprenait la porte d'Espagne et les deux bastions dits du Roi et de la Reine ; le front est, la porte de France avec deux bastions dont celui dit du Dauphin. La partie sud du rempart était accolée à l'église avec laquelle il faisait corps.

• Ancien hôpital

Ancien hôpital

Hôpital fondé par Pons de Sarabeu en 1225, dans la maison qu'il avait fait construire. L'immeuble a été conservé presque sans remaniements. Il présente une tour couronnée de corbeaux de pierre, à raison de cinq par face et un à chaque angle, profilés en double quart de rond, vestiges d'un chemin de ronde détruit lors d'une réfection des couvertures. L'ouvrage est percé d'un certain nombre d'embrasures. Le mur est construit de petit matériaux disposés suivant des lits horizontaux soignés, avec fortes chaînes d'angle comportant, sur chaque face, un moellon de renfort toutes les deux assises. Le corps principal de bâtiment est entièrement construit en pierre d'appareil et repose à la base sur une série de quatre arcs dont le tracé est en plein cintre ou très légèrement brisé, sans chanfrein d'encadrement. L'arc de droite a conservé les vantaux anciens, tiercés, de la porte d'entrée. Au premier étage, quatre fenêtres à peu près axées sur les arcades de base, proviennent d'un remaniement tardif. Le sommet de cette façade montre des vestiges de crénelage, plus tard obturé et surélevé de façon à former une galerie. La partie Est de cette façade, surélevée en forme de tour, forme une sorte de pendant à la tour d'angle.

• Ancien hôtel de ville

Ancien hôtel de ville

Bâtie sur plan carré, la tour beffroi semble dater, au moins dans son étage de base, des premières années de la fondation de la ville (11e siècle). Il se compose d'un grand appareil aux assises irrégulières. La porte d'entrée est encadrée de trois énormes blocs monolithiques. L'intérieur, voûté en berceau, a été aménagé en lavoir public. La partie supérieure de la tour a été couverte, à une époque récente, d'une lourde flèche, en tronc de pyramide à quatre faces, supportant un petit clocheton de fer forgé, à deux cloches superposées. Construite plus tard, la maison communale adjacente présente trois portes romanes, probablement du 12e siècle. Le bâtiment est une construction sur trois niveaux dont seuls le rez-de-chaussée et le premier étage paraissent anciens. L'immeuble servit longtemps d'hôtel de ville.

• Maison Py Cécile

Maison Py Cécile

L'élévation comporte trois niveaux et un comble. Sur la rue, la façade n'est appareillée que jusqu'au niveau supérieur des fenêtres du premier étage. Dans son état primitif, le rez-de-chaussée était largement ouvert sur la rue Saint-Jean par trois arcades en segment de cercle, séparées par des piliers. Les encadrements intérieurs de ces arcs et de leurs piliers sont chanfreinés. A gauche, les murs de façade forment un léger angle rentrant. Au-dessus des arcs se trouvent les traces de cinq trous de boulin ayant peut-être servi à supporter un auvent. Sur la ruelle, le mur est appareillé sommairement et présente un angle saillant près duquel subsistent, entre premier et deuxième étages, trois consoles de pierre.

• Maison Autié

Maison Autié

L'ancien cimetière occupait l'emplacement compris entre l'église à l'est, les remparts au sud et, à l'ouest et au nord, diverses constructions reliées par un mur de clôture. Le périmètre ainsi délimité conserve des enfeux qui étaient surmontés de blasons ou d'ornements armoriés. A Villefranche, il n'en exite qu'un seul exemple, celui de la maison Lautié. A la base, un arc brisé est mouluré d'un boudin dont l'avant-bec méplat est orienté suivant le bissecteur. Ce tore est dégagé par des filets. Dans le même mur, un peu plus haut, une niche abrite une statue, un personnage vêtu d'un ample vêtement plissé. Il est debout sur une dalle portant une inscription gothique sur deux lignes. Au fond de la niche se distinguent deux écussons.

• Maison Durand Henriette

Maison Durand Henriette

La porte en plein cintre, sans chanfrein d'encadrement, ainsi que d'autres similitudes (assises, appareil, disposition des étages) rapprochent cette maison de l'ancien hôpital bâti en 1225. La fenêtre à croisillon, ajoutée plus tard, appartient à un type dont les exemples datés sont surtout fréquents dans le Midi aux environs des années 1500. La façade sur rue se compose de deux parties : à droite une entrée en arc donnant accès à une cour intérieure ; à gauche, le corps d'habitation. Le tout est appareillé de la même façon, mais la partie droite est limitée en élévation par un bandeau. Au-dessus de ce bandeau, la construction a été reprise. La grande fenêtre à croisillon, au deuxième étage, comporte un encadrement extérieur saillant avec retours en équerre. La pierre d'appui, saillante également, présente les mêmes séries de moulures, doucines, filets, cavets, baguettes présents à l'encadrement extérieur comme au long des meneaux. A la base de ceux-ci, les socles massifs enveloppent les soubassements à facettes des bases à talons, les nervures horizontales s'y entrecroisant avec les tiges verticales terminées en congés bourgeonnants.

• Maison dite de l'Infante

Maison dite de l'Infante

Cette maison est dénommée de "l'Infante", depuis la publication du roman "L'Infante" de Louis Bertrand. L'édifice s'élève de quatre niveaux, avec façade appareillée, et ne faisait qu'un autrefois avec la maison adjacente. En 1955, la maison comportait encore deux arcatures à la base, disparues depuis. Le premier étage conserve une fenêtre géminée à colonnette. Le linteau d'une seule pièce est échancré en plein cintre au-dessus de chaque forme. La colonnette médiane, à fût cylindrique, a conservé base et chapiteau, ce dernier de type cubique à épannelage conique. A la base du deuxième étage, sont encastrées dans la façade trois consoles, en quart-de-rond et listel. L'étage supérieur a été surélevé.

• Maison Laporte

Maison Laporte

D'après les caractères architecturaux, la maison doit remonter au 14e siècle. Une fenêtre a été ajoutée au 16e siècle. La façade rue Saint-Jean repose sur quatre arcs brisés, sans chanfrein d'encadrement. Ces arcs présentent des claveaux inégaux, avec joint vertical au sommet, excepté celui de la porte dont les claveaux sont plus étroits, avec clé au sommet. Cette porte a conservé des vantaux tiercés. Le rez-de-chaussée est séparé du premier étage par un bandeau.

• Maison Tafanelli

Maison Tafanelli

Portail daté de 1777, en segment de cercle.

• Maison Marty Joseph

Maison Marty Joseph

La seule partie ancienne visible est la façade du rez-de-chaussée, comportant deux grands arcs, l'un en plein cintre, l'autre en segment de cercle. Les encadrements intérieurs sont chanfreinés. La taille des pierres semble indiquer que les deux arcs sont contemporains. Les parements des arcs, ainsi que ceux de la façade, présentent de fines brettelures obliques. A une époque récente, le portail de gauche a été subdivisé en deux parties égales par un cloisonnement.

• Maison Carreras

Maison Carreras

La façade n'est pas appareillée, l'emploi du marbre taillé étant réservé aux encadrements. La maison se compose de trois niveaux. Le rez-de-chaussée est percé de deux arcs en plein cintre, d'ouvertures inégales. Les claveaux sont de longueurs diverses et l'encadrement intérieur est chanfreiné. A l'arc de droite, la clé est sculptée d'un petit écusson. Au premier étage, deux baies géminées ont perdu leurs colonnettes et s'amortissent en plein cintre sous des linteaux échancrés. Les montants, chanfreinés avec congés plans à la base, supportent des impostes, épannelées en biseau sous un simple listel. Le biseau de l'imposte médiane est orné de deux demi-boules et celui de droite d'un motif en forme de cor ou de huchet. La façade se termine, à l'étage supérieur, par une galerie entièrement ouverte sur la rue.

• Maison Berjoan Pierre

Maison Berjoan Pierre

Maison du 13e ou du 14e siècle d'après les éléments anciens conservés (arcs et voûtes). Sur la rue, la façade comprend trois niveaux, plus un comble éclairé par des oculus, chacun des deux grands étages étant percé de quatre fenêtres. A la base s'ouvrent trois arcs. Au centre se trouve un grand portail en segment de cercle, résultant d'un changement moderne. L'arc de gauche, divisé en deux par un montant, est aménagé avec banquette comme une demi-boutique. La voûte brisée de l'entrée mène à une cour où une galerie sur charpente assure la communication palière entre les deux bâtiments latéraux. Dans la façade opposée à cette entrée, une porte en arc brisé est appareillée en marbre du pays. La façade latérale Est repose sur deux arcs.

• Maison Marty Jacques

Maison Marty Jacques

La maison se compose d'un bâtiment d'habitation avec, à l'arrière, une cour. La façade ne présente plus que la porte d'entrée comme élément ancien. Elle est en plein cintre, avec encadrement intérieur chanfreiné.

• Maison Berjoan Léon

Maison Berjoan Léon

En l'absence de documents, la datation de cette façade remaniée est très incertaine. La porte d'entrée est en plein cintre, à grands claveaux, les montants taillés dans un marbre rose, avec encadrement intérieur largement chanfreiné. A côté de ce caractère archaïsant, l'étage conserve les vestiges de grandes fenêtres remaniées faisant plutôt penser au 17e siècle qu'à l'époque romane. Le marbre local n'a guère été usité, dans les teintes rouges ou roses, qu'après le 16e siècle, comme matériau brut, ou à l'époque romane pour de petits éléments sculptés. L'étage supérieur a été ajouté à une époque récente.

• Maison Alazet

Maison Alazet

L'immeuble conserve en façade un modèle très rare de structure. Le rez-de-chaussée a gardé son ancien portique avec linteau en bois et le premier étage, deux fenêtres à corbeaux.

• Maison Verges Jacques

Maison Verges Jacques

L'immeuble comprende deux étages sur rez-de-chaussée. Les anciennes baies ont été remaniées. Seul est demeuré visible l'encadrement de la porte d'entrée. C'est une porte en arc au tracé légèrement brisé, avec joint vertical au sommet et encadrement intérieur chanfreiné.

• Maison Maury Emile

Maison Maury Emile

Les arcs de base et les fenêtres en plein cintre sont semblables à ceux de l'ancien hôpital et peuvent, comme cet édifice, dater du 13e siècle. La fenêtre à meneaux ne semble pas antérieure à 1500. Le croisillon en a disparu mais elle conserve la majeure partie de l'encadrement sculpté dans un marbre incarnat. La façade s'élève d'un grand étage sur rez-de-chaussée et d'un comble. Les murs sont sommairement appareillés. A la base, les deux arcs sont séparés par un trumeau. Les encadrements intérieurs ne sont pas chanfreinés. A droite de ces arcs, une porte rectangulaire est couverte d'un linteau triangulaire.

• Maison dite d'Inès de Llad

Maison dite d'Inès de Llad

Quinze ans après l'annexion du Roussillon à la France, les révoltés montagnards qui, sous le nom de Miquelets ou Angelets, harcelaient les garnisons françaises en Capcir, projetaient de massacrer la garison de Villefranche. Les chefs des conjurés se réunissaient dans la maison familiale des Llar. Inès, âgée de dix-huit ans et amoureuse d'un officier français, révèle le complot. Le père est exécuté et la famille se réfugie en Espagne. La maison présente une façade avec, à la base, deux arcs brisés séparés par un trumeau. Bien appareillés, avec clé au sommet, ces arcs présentent des parements finement brettelés, sans chanfrein d'encadrement. La façade est également en pierre d'appareil jusqu'au sommet des arcs. Les étages sont bâtis en petits matériaux. Entre ces deux baies, un linteau échancré, en marbre rose, semble être le vestige d'une ancienne fenêtre géminée.

• Maison Verges Jacques

Maison Verges Jacques

Cette maison ne devait faire qu'un même bâtiment avec celle de la parcelle 70, l'ensemble comportant quatre grandes arcades à la base. Aujourd'hui, la façade ne comporte plus que deux arcs, murés, séparés par un pilier. L'arc de gauche retombe sur le mur adjacent. Au premier étage, les deux fenêtres présentent des linteaux reposant sur deux corbeaux chanfreinés, ainsi que les montants. Chacun des corbeaux est taillé dans la même pierre que le haut du montant correspondant, au lieu de constituer un élément distinct.

• Maison Durand Raoul

Maison Durand Raoul

Autrefois, cet édifice ne faisait qu'un avec la parcelle 63, dite "maison de l'Infante". La façade présente à sa base deux arcs séparés par un montant. L'arc de gauche est en segment de cercle ; celui de droite en plein cintre ou légèrement brisé. Au premier étage, l'unique fenêtre remaniée devait être une baie géminée. Au-dessus se trouvent deux consoles en quart-de-rond et listel. L'emploi de la pierre d'appareil cesse vers le haut du deuxième étage.

• Maison Masdeu

Maison Masdeu

La façade sur la rue Saint-Jacques repose sur quatre arcs en segment de cercle, séparés par des piliers et aux encadrements intérieurs chanfreinés. Fenêtres anciennes à l'étage.

• Maison Verges Pierre

Maison Verges Pierre

Les larges arcs du rez-de-chaussée semblent résulter de remaniements ultérieurs à la construction. Deux arcs sont séparés par un pilier. Les arcs en plein cintre ont leur encadrement intérieur chanfreiné. Les corbeaux et les montants de la porte de droite montrent également des vestiges de chanfrein. Au premier étage, une fenêtre à encadrement de marbre présente le même type de corbeaux, portant linteau, qu'à la porte de droite, et avec le même décor chanfreiné. L'allège a été abattue.

• Maison Deixonne

Maison Deixonne

Haute de trois étages, la façade n'est appareillée qu'au rez-de-chaussée, certains éléments posés en délit. Les arcs sont en plein cintre. Pas de chanfrein d'encadrement. A droite s'ouvre un larg portail sous un linteau droit en pierre.

• Fort Libéria (également sur commune de Fuilla)

Fort Libéria (également sur commune de Fuilla)

Créée par le comte de Cerdagne qui lui octroie une charte de fondation en 1092, Villefranche a été la ville la plus importante du Conflent jusqu'au 18e siècle. Une enceinte urbaine existait dès la fin du 11e siècle. Elle a été développée après l'essor économique de la ville au 14e siècle, époque à laquelle ont été rajoutées des tours de défense. Les Français rasent ces fortifications en 1656. Au 17e siècle, le Roussillon est une province militaire faisant face à un ennemi observé en permanence. Le chevalier de Clerville, commissaire général des fortifications, y est envoyé et établit les besoins prioritaires pour la défense contre l'Espagne. Il estime qu'il faut une place forte en Cerdagne et Villefrance est insuffisamment fortifiée. Vauban fait plusieurs visites. Des projets sont proposés en 1669 et 1679. Vauban prévoit de faire une communication au travers des rochers de ce fort vers une redoute qui descendait jusqu'à la ville. Deux hexagones sont imbriqués l'un dans l'autre et protégés vers la montagne par une contrescarpe, avec un donjon triangulaire et une avancée vers la ville au sud. Le fort Libéria déroge à la règle des fortifications bastionnées car il est complètement adaptée à la configuration du terrain.