Ornans (25290)

Gustave Courbet avait un atelier à Ornans, dans un grenier. Il l'agrandit, puis décida vers 1858 d'établir un atelier plus spacieux à l'entrée ouest de la ville, et de l'accompagner d'un parc allant jusqu'à la Loue. Il fit appel à l'architecte Léon-Marie Isabey qui aménagea un local industriel préexistant et créa une habitation complémentaire en forme de chalet. C'est un bâtiment rectangulaire qui se présente au fond d'une petite cour par son pignon. Le côté gauche conserve les baies d'origine. L'atelier comporte deux salles au sol carrelé, au plafond orné d'oiseaux peints attribués à Courbet. La baie qui relie les deux salles conserve le tympan métallique aux initiales du peintre. La salle antérieure s'orne de deux paysages peints sur la voussure du plafond. Au 20e siècle, le domaine a été démantelé, le chalet a été démoli.

En 1874, la maison Cusenier se développe grâce aux usines et comptoirs établis dans les grandes villes de France. Entre 1881 et 1885, l'établissement d'Ornans prend sa forme actuelle (construction du logement patronal en 1882, et de la distillerie en 1885). Le corps principal, au fond d'une cour encadrée par les deux ailes de communs et dépendances, comporte un étage de soubassement. L'étage au niveau du jardin a conservé ses décors d'origine. Ensemble complet de vitraux de Gorgeon.

Nicolas Perrenot de Granvelle (1486-1550), garde des sceaux et premier conseiller d'Etat de Charles Quint, fait construire à partir du mois de mai 1547 une vaste demeure urbaine à Ornans pour son fils Antoine, alors évêque d’Arras. Cette construction succède à celles du Palais Granvelle (1534-1540) et de l'hôtel Bonvalot (1538-1544 pour François Bonvalot, beau-frère de Nicolas) à Besançon.

Au coeur de la ville, cet hôtel entre cour et jardin couvert d'un toit à deux pans de forte pente est de plan rectangulaire avec deux ailes en retour sur la cour abritant chacune un escalier à vis. L'aile ouest n'est plus que partielle. Un escalier à cage ouverte donne accès à la partie nord-ouest de l'éficie. Les trois niveaux sont distribués par un corridor longeant la façade antérieure. La façade sur cour est régulière, elle présente neuf travées de baies bordées de cavets, tandis que la façade sur jardin offre une alternance rythmée de croisée et demi-croisées, parfois surmontées d'une accolade. La partie est conserve sa distribution originelle et des éléments de décors tels que les cheminées du 16e, 18e et 19e siècles, une pièce lambrissée de hauteur dans un style Louis XV, des portes et menuiseries du 18e s., les plafonds à la française. La partie ouest a perdu l'essenteil de ses éléments en second oeuvre.

Dans sa séance du 28 décembre 1918, le Conseil municipal d'Ornans décide de l'érection d'un monument commémoratif pour les 95 Ornanais morts au combat. D'une part, on déplace le monument de la guerre de 1870-1871 de l'ancien cimetière vers le nouveau, on le restaure et y ajoute les noms des morts de la Grande guerre. D'autre part, on érige un monument, qui ne portera pas les noms des morts mais rappellera la victoire et leur sacrifice, sur la « place Granvelle », actuellement nommée place Robert Humblot, le long de la route principale traversant la ville, au bord de la Loue. La réalisation du monument est confiée au sculpteur bisontin Georges Laethier (1875-1955), sculpteur formé à l'École des Beaux-arts de Besançon auprès du sculpteur Just Becquet lui-même élève de François Rude, puis à partir de 1899 à l'École des Beaux-arts de Paris dans l'atelier de Gabriel-Jules Thomas et Jean-Antoine Injalbert. En 1903, il est nommé professeur de sculpture à l'École des Beaux-arts de Besançon. Son projet, inscrit dans le crédit de 30 000 fr. alloué, est approuvé par le Préfet le 4 août 1920. Il exécute d'abord un modèle en terre, probablement exécuté d'après modèle vivant. Le bronze est fondu en octobre par un fondeur actuellement inconnu. Jules Guillin, sculpteur marbrier à Mouthier-Hautepierre, est chargé de « l'entourage » en pierre du monument. L'ensemble a pour cadre quelques sapins, de grands platanes et la Loue au second plan

Lors du discours d'inauguration, Arthur Giroud, conseiller municipal et membre du comité de souscription du monument, décrit ainsi le monument : « il nous semble utile et bon que notre vue puisse se reposer sans cesse sur cette pierre symbolique, sur cet admirable poilu dont l'artiste a si bien reproduit la vaillance : les vêtements déchirés, il se précipite hors de la tranchée, en brandissant des grenades et en chantant la Marseillaise. Au fur et à mesure que le spectre de la guerre s'enfonce dans le passé, certains sont tentés d'oublier le poilu de bronze qui leur apparaîtra en passant, leur rappellera qu'on ne doit pas oublier. ». En effet, levant son drapeau en signe de ralliement et bouche ouverte, ce monument n'est pas sans rappeler le modèle de la Marseillaise du sculpteur François Rude (dit aussi « Le Départ des volontaires de 1792 », 1833-1836, Paris, arc de triomphe de l'Étoile).