Versols-et-Lapeyre (12400)

La seigneurie de Montalègre est connue depuis 1268. Au 15e siècle, elle appartenait à la maison de Rodez, et passa ensuite entre les mains de différents représentants de la noblesse rouergate et limousine. De plan féodal, le château se compose d'un corps de logis presque carré, flanqué de quatre tours rondes. La façade sud comporte une saillie traduisant la présence de l'escalier à vis central. A chaque étage, une porte donne accès à une petite pièce dans chacune des tours. Le deuxième étage conserve trois cheminées gothiques et une porte moulurée. Le troisième et dernier étage, autrefois consacré à la défense (les mâchicoulis ont disparu) , a été transformé en grenier. Dans la tour nord-est est conservée une pièce voûtée en cul-de-four portant des traces de peinture à motifs religieux, semblant être une ancienne chapelle. Ces traces correspondent avec la présence, au premier étage, d'une chapelle à décor 19e siècle.

Le château a conservé sa disposition d'origine ainsi que d'intéressants vestiges. Au 10e siècle, un castrum existe à l'emplacement d'un ancien oppidum gallo-romain. En 1132, le seigneur de Versols partant pour Jérusalem, fait don de sa propriété à Sylvanès. En 1256, l'ensemble est racheté par une famille d'origine rouergate. Il s'agit alors d'un moulon fortifié autour d'une grande cour intérieure. Vers 1360-1370, le village est à nouveau fortifié contre les Anglais (poterne, trois tours d'angle, deux échauguettes extérieures). Des aménagements postérieurs dénaturent l'aspect du "castellum" (fenêtres Renaissance, retrait de la loggia de la cour, rabaissement des étages sur certaines parties). L'édifice actuel conserve, extérieurement, son aspect défensif. Intérieurement, le soubassement repose sur un ensemble de caves voûtées allant du 10e au 14e siècle, imbriquées les unes dans les autres. De l'ancien château ne subsiste en élévation que l'aile sud-est et l'aile sud-ouest du rectangle.

La plupart des murs de l'édifice ont été dérasés à une hauteur d'un mètre au-dessus du sol. La partie intéressante comprend le portail d'entrée et les ruines du clocher qui le surmonte. Une large voussure en arc brisé abrite l'entrée. Le portail, qui semble remanié, comporte une première archivolte plane décorée d'entrelacs gravés, soulignée par une ligne de dents de scie en creux. Une deuxième archivolte également plane est entièrement décorée d'un damier en creux. Un tympan sculpté comporte, à sa partie inférieure, une ligne d'entrelacs en tresses formant soubassement à cinq arcatures. Ces arcatures, portées par des colonnettes doubles, abritent cinq personnages sculptés frustement. Tous ont la tête nue et sont vêtus d'une robe avec ceinture. Au-dessus de ces personnages, trois animaux accostent un personnage habillé comme les autres, dont ils lèchent la robe, et qui lève les bras au ciel. Cette scène représente probablement Daniel dans la fosse aux lions. Cette sculpture paraît dater du 11e siècle. D'après la tradition locale, cette église appartenait aux Templiers. Ces derniers étant établis en France à partir du 12e siècle, sans doute ont-ils restauré une église primitive dont le portail serait le vestige, incorporé au nouvel édifice.