Saint-Paul (97411)

A la suite d'une décision prise le 7 avril 1788 par le Conseil supérieur, un nouveau cimetière est créé dans le quartier de la Caverne, l'ancien cimetière étant devenu trop étroit. Les deux axes principaux sont bordés des caveaux des grandes familles du 19e siècle. Entre les pierres tombales et les caveaux s'intercalent des tombes en pleine terre. Des sépultures jusqu'alors ignorées ont été découvertes après le passage du cyclone Gamède. Il s'agirait peut-être d'une population d'esclaves. Cette zone qui abrite probablement un cimetière d'esclaves est le premier ensemble funéraire de ce type mis au jour dans cette région.

En 1828, une sucrerie est établie sur le domaine de La Plaine, dans le cadre de la conversion des terres de cette région de Saint-Paul en champs de cannes à sucre. Cette mutation agricole majeure du début du 19e siècle a été rendue possible grâce à la création d'un canal d'irrigation, baptisé plus tard canal Lemarchand. Cette propriété a été vendue en 2005 à l'hôpital Gabriel Martin de Saint-Paul pour y édifier le nouvel hôpital de l'ouest.

A la suite de la destruction d'une première église située dans le quartier des Sables, en 1689, une nouvelle chapelle est édifiée plus à l'est. Elle est construite sur un plan en croix latine. Au nord, se dresse le clocher, structure métallique sur socle maçonné, tandis qu'un cimetière s'ouvre au sud. En 1703, elle devient église paroissiale. L'église en bois est, peu de temps après, remplacée par « un édifice en pierre de lave taillées ». Les travaux seront dirigés par Pierre Hybon et Jacques Auber. En 1754, l'église est dotée d'un presbytère. Plusieurs fois modifiée et restaurée (incendies), l'église actuelle se trouve seulement privée de son clocheton, non restitué après l'incendie de 1905. Le plafond actuel, en lattes de bois, date de 1910.

Conçue par les fonderies Ducel, la fontaine de la Vierge, qui se dresse devant l'église paroissiale de Saint-Paul depuis 1867, fut offerte à la commune par son maire. Au milieu d'un bassin hexagonal posé sur un triple emmarchement de basalte s'élève, sur un socle cantonné de putti chevauchant des dauphins, une statue monumentale de la Vierge à l'enfant. Deux cartouches en signalent la date et le donateur. Cet ensemble présente un intérêt national car La Réunion est l'un des rares départements français, avec le Brésil, à avoir conservé ce type de patrimoine.

Ferdinand Fillod met au point, dès 1928, un système de préfabrication de bâtiments métalliques breveté en 1929, sorte de mur sandwich constitué de deux plaques de tôle, rempli de matière isolante, a fonction de mur porteur et étant assemblé par emboîtement. CMF développe une version alternative aux constructions à parois inclinées. Dotée d'une double toiture permettant une meilleure ventilation, elle est destinée aux zones tropicales et connaîtra un vif succès dans les années 1960. Le modèle réunionnais a été commandé et monté vers 1960 par la Sucrière d'Outre-Mer pour abriter les bureaux des cadres de l'usine.

L'hôtel Laçay aurait été édifié entre 1816 et 1837. Il sera utilisé comme siège de la Société de Marines Réunies lors de sa fondation en 1867, puis affecté à la brigade de gendarmerie de Saint-Paul. Acquis par la commune, il abritera l'école de garçons jusqu'en 1961, puis la caserne de pompiers jusqu'en 1996 et, enfin, servira de bureaux pour les services municipaux jusqu'à ce jour. L'édifice est un immeuble de plan rectangulaire muni de deux avant-corps et d'une galerie couverte vers la mer. La galerie, côté mer, qui a perduré jusqu'en 1950, était portée par des colonnes en bois et le garde-corps de l'étage était formé de balustres plats. L'immeuble est construit en maçonnerie de moellons hourdée à la chaux. Les entourages des baies et chaînages d'angle sont en pierre de taille.

Il s'agit d'un édicule en moellons avec un contrefort en maçonnerie situé près de l'usine sucrière de l'Eperon. Le fonctionnement et les origines du Bain-Boeuf sont à relier à la problématique de la gestion de l'eau à Saint-Gilles. La ravine Saint-Gilles constitue un élément essentiel dans le développement des plantations sucrières de Saint-Paul. Au 19e siècle, un barrage est construit dans la partie haute de la ravine alimentant par un système de pompes et de canaux quatre usines dont celles de l'Eperon. Une pompe actionnée par une roue à aube refoule l'eau vers l'usine et permet également d'alimenter le Bain-Boeuf de l'Eperon. L'utilisation massive de l'eau de la ravine Saint-Gilles explique que l'on ait réalisé une structure spécifique pour le lavage des bœufs. De nombreux enclos sont visibles au début des années 1950. Dans cette période de création des Sucrerie de Bourbon, il faut acheminer la canne des terrains dépendant du domaine de l'Eperon vers Savanna. Ce flux en période de récolte doit être soutenu d'où un nombre important de charrettes assurant cette liaison vers l'usine.

Dépendant d'un important domaine sucrier dit de Savanna, la Grande Maison était déjà mentionnée sur un acte notarié de 1791 ; elle servit d'abord d'hôpital, puis de lazaret, et devint une maison d'habitation dans le courant du 19e siècle.

La longère, située face à l'Hôtel de Ville de Saint-Paul, appartient à un ensemble de bâtiments qui ont visiblement occupé plusieurs fonctions. Faute de documentation disponible, il est difficile de dater précisément la construction de cet édifice. Un croquis des pas géométriques daté de 1871 apporte des indications sur le terrain d'assiette du bâtiment actuel mentionnant cette parcelle sous le nom de Cayenne, appellation correspondant à l'affectation des bâtiments aux services des Ponts et Chaussées. Les bâtiments sont construits sur une parcelle fermée, côté place du Général de Gaulle, par la longère. Une porte cochère et une porte piétonne donnent accès à la cour et aux bâtiments. La longère, dotée d'un simple rez-de-chaussée, est construite en maçonnerie de moellons enduite et badigeonnée. La façade sur la place présente une porte cochère, une fenêtre à gauche et trois fenêtres, dont une murée, à droite. Le bâtiment est couvert de tôles à joints (ouest), et de tôles sur tasseaux (est).

Style néoclassique

Le domaine de Villèle était situé au coeur d'un important domaine agricole. Cette habitation (au sens créole du terme) regroupe autour de la maison de maître l'ensemble des bâtiments de service et de production (cuisine, réserves, hôpital d'esclaves, logements des engagés, usine). Achevée en 1788, la maison de maître est la troisième construite en maçonnerie par A. Panon-Desbassyns sur un même modèle. Elle abrite aujourd'hui le musée de Villèle. La vocation du domaine est d'abord les cultures vivrières, auxquelles succédera la production du café puis de la canne à sucre. L'usine sucrière est édifiée en 1822 au sud de la maison, dont elle est séparée par des bâtiments de service. Ses vestiges, aujourd'hui ruinés, témoignent des nombreux remaniements que rendaient nécessaires l'évolution des techniques de la production sucrière durant le 19e siècle.

Le marché-bazar se tenait, au début du 19e siècle, sur l'actuelle place du Général de Gaulle. En 1847, le nouveau marché comprenait, dans une enceinte close par des murets surmontés de grilles en fer, deux halles en maçonnerie et un bâtiment long divisé en loges (actuelle longère). Vers 1935, une des deux halles a disparu et le terrain a été divisé, celle du fond, vide en 1935, apparaissant construite en 1950. En 1976, de gros travaux sont entrepris et la totalité des cours sont couvertes d'une structure en coque de béton armé.

Une roue hydraulique et une pompe ont été installées dans les années 1820 dans la ravine Saint-Gilles en aval du Bassin Bleu, en contrebas du domaine Desbassayns de Saint-Gilles-les-Hauts. En effet en 1822, Charles Desbassayns y constitue un établissement sucrier moderne en y implantant une usine, qu'il équipe en 1827 d'un moulin à vapeur avec l'aide de l'ingénieur Wetzell. Cette nouvelle usine nécessite alors une importante consommation en haut. L'installation a sans doute été modernisée dans la seconde moitié du XIXe siècle par Frédéric de Villèle alors propriétaire de l'usine. La légende d'un plan de 1872 indique que la conduite forcée de la prise d'eau de Villèle a un débit de 12 l/s. Permettant d'approvisionner en eau potable le village de Villèle, après la fermeture de la sucrerie de Villèle en 1908, l'installation hydraulique fonctionne jusqu'en 1968.

Le système est composé, pour sa partie motrice, d'une roue à godets d'un diamètre de 6,70m, alimentée en eau. La roue est dans sa maçonnerie. Elle entraîne une pompe mécanique de marque « G. Pinette à Chalons S/S » à deux pistons en opposition. Cette entreprise de Chalons sur-Saône », construit des équipements industriels à partir des années 1880. La liaison entre la roue et la pompe est assurée par un système d'engrenage démultiplicateur. Il est suivi sur le bâti de la pompe d'un système bielle-manivelle, permettant la transformation du mouvement circulaire en mouvement linéaire à translation alternatif.

Dès 1964, le département projette la construction d'un théâtre en plein air à vocation culturelle et populaire. Le choix du site se porte sur Saint-Gilles pour des raisons climatiques et géographiques. Les travaux de terrassement peuvent en effet être limités grâce à la pente naturelle du sol, correspondant à celle des gradins. Les architectes Jean Tribel et Gilbert Royer travaillent sur la construction. Le théâtre se développe en hémicycle et se compose de 824 gradins extensibles à 1024. Les travées décalées permettent de dessiner un cercle complet de spectateurs depuis la scène. L'usage exclusif du béton brut apparente ce théâtre au mouvement architectural dit " brutaliste ". La pose de la première pierre a lieu en 1968. Le théâtre est inauguré en 1970, lors du premier festival de l'Océan Indien.

La cheminée Bruniquel ou de l'Ermitage est un vestige de l'usine fondée par lelièvre en 1865.

L'ensemble comprend comprend la cheminée, les vestiges des bâtiments de l'usine, ainsi que les portions de canaux destinées à l'alimentation de l'usine.